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Mt 23,2

Commentaire: LES AUTORITÉS RELIGIEUSES
Jésus n’est pas de la tribu de Lévi à laquelle appartiennent les prêtres. Jésus n’appartient pas non plus à un parti religieux, comme celui des Pharisiens. Il est du côté du peuple et il regarde comment agissent les chefs du peuple de Dieu et l’élite religieuse organisée. Visiblement Matthieu désire que les paroles de Jésus retombent sur les personnages importants des communautés pour lesquelles il écrit : d’avance Jésus juge les autorités de son Église et plus largement tout groupe qui se prétend le meilleur, le plus conscient, ou le plus efficace. Les Pharisiens prétendaient l’être, et dans un sens ils l’étaient. Les maîtres de la Loi et les Pharisiens se sont fait les interprètes de Moïse. L’évangile dit plus exactement : Ils se sont assis sur la chaire de Moïse. Cette formule un peu ironique laisse entendre que les ambitieux se partagent les postes dans le peuple de Dieu, et Dieu le tolère jusqu’à un certain point. Au temps de Jésus, les pharisiens, laïcs possédant une bonne formation théologique, avaient supplanté les prêtres lévites que depuis des siècles la Bible reconnaissait comme les interprètes de la Loi de Moïse. Matthieu nous rappelle ici l’égalité fondamentale des croyants dans l’Église. C’est la communauté qui bénéficie de l’Esprit Saint, et les responsables ou les docteurs n’ont pas d’autorité s’ils ne sont pas partie prenante dans la vie communautaire. Paul parlera du Christ et de l’Église en utilisant la comparaison de la tête et du corps ( Éphésiens 5.25). De même dans l’Église l’autorité de l’évêque va de pair avec sa fidélité à l’Église qu’il gouverne ; il l’a acceptée comme elle est et ne cherche pas à lui imposer ses propres projets. Faites ce qu’ils disent. Le mauvais exemple des autorités ne discrédite pas la parole de Dieu et ne supprime pas non plus le devoir d’obéissance. Si Jésus disait d’écouter les successeurs de Moïse, à plus forte raison devons-nous écouter les successeurs des apôtres. Ceux-ci ne peuvent pas renoncer à leur autorité sous prétexte d’humble service et devenir les simples exécutants de ce qu’a décidé la majorité. Jésus parle de la forme d’autorité. Ni maître, celui qui sait et devant qui on se tait, ni père, celui qu’on vénère et imite, oubliant de regarder directement Celui qui seul est bon. Personne dans l’Église ne doit éclipser le Père unique. Bien sûr, tout le monde dira que le mot “Père” exprime tout simplement une affection respectueuse, mais la parole de Jésus nous affirme que le mot a des effets pervers. La pureté de la foi, qui se soumet à Dieu seul, souffre toujours du culte de la personnalité. L’Église devra donc être une communauté de personnes libres qui parlent avec franchise.


Source: Bible des peuples