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Mt 13,50

Commentaire: L’ENFER
L’idée d’un enfer éternel, qui semble bien présente derrière ces images, ne heurte pas moins. Il faut reconnaître qu’on en a fait un emploi abusif durant des siècles : la raison en était simple. On ne vivait pas alors dans un régime de droit, et la crainte de l’enfer était salutaire pour éduquer des barbares et les détourner du mal. Mais il est temps de donner la vérité de l’évangile : il faut distinguer le style d’une prédication populaire et l’attitude de Dieu vis-à-vis des pécheurs. Jésus nous montre le résultat de nos mauvaises actions tout comme de notre refus d’agir : nous nous perdons loin de Dieu, ce qui est la chose la plus terrible. Jésus ne parle pas seulement de crimes ou de fautes graves : dans la grande parabole de Matthieu 25.31-46, il envoie à l’enfer toutes les fautes que nous commettons journellement. Mais après avoir dit cela, il faut rappeler que Dieu sauve les pécheurs : lisons en particulier les paragraphes de Romains 5, où Paul affirme que la mort et la Résurrection de Jésus sont plus fortes que le pouvoir du mal dans le monde et qu’elles ont assuré dès à présent le salut de l’humanité comme un tout. Jésus avait la connaissance profonde et vraie de Dieu et de l’homme : s’il avait vu dans ces paroles et ce “châtiment” quelque chose de contraire à la bonté infinie de Dieu, il l’aurait dit sans s’inquiéter du scandale. Mais il a parlé comme il l’a fait, parce que l’amour infini de Dieu ne nous enlève pas la liberté de lui échapper et de le défier. La miséricorde de Dieu nous attend à notre mort et elle fera renaître, même chez de grands criminels qui n’ont pas réparé, l’enfant de Dieu citoyen de la Jérusalem céleste. Mais cela n’empêche pas que l’heure aura passé de bien faire et de réparer nos fautes ; les talents que Dieu nous avait donnés pour construire le monde et pour nous forger nous-mêmes, s’ils n’ont pas fructifié, passeront à d’autres. Sauvés, oui, mais de tout petits élus. Nous pouvons nous interroger sur l’existence d’un enfer éternel, mais il nous faudra aussi répondre à cette question : si Jésus voulait dire que pour chacun de nous existe la possibilité de perdre l’éternité en Dieu, comment devait-il le dire pour que nous n’en doutions pas ? Le mystère reste donc entier. Mais si nous avons compris ce que Dieu nous offre — l’éternité au sens le plus fort du terme, et que la vie est unique, y a-t-il des mots trop forts pour celui qui perdu la vie et le temps ?


Source: Bible des peuples