Lecture d'un commentaire (3095)


Lc 18,9

Commentaire: De nouveau Luc présente une parabole qui vise les pharisiens : ils étaient fidèles observateurs de la Loi de Dieu. Ils multipliaient les jeûnes et les prières et ils en tiraient l’assurance d’avoir mérité les récompenses de Dieu. Mais il y a aussi dans les cours du Temple un publicain, collecteur d’impôts pour l’armée étrangère, considéré comme traître à son peuple et pécheur devant Dieu. Jésus parle de la prière, mais il vise plus directement l’attitude profonde qui donne un sens à notre prière. Contrairement au Pharisien qui rend grâces à Dieu mais plus encore se félicite lui-même, le publicain ne pense qu’à demander pardon pour son métier dont il a honte. Jésus parlait pour ceux qui se flattaient d’être des gens bien (9). Le texte dit précisément : “d’être des justes”, ce qui fait contraste avec justifié au verset 14. La Bible appelle justes ceux dont la vie est en ordre devant Dieu parce qu’ils observent sa Loi ; ainsi dans Matthieu 1.19 et Luc 1.6 Joseph et Zacharie sont appelés justes. Cependant, en bien des endroits, on accorde une grande importance aux actes extérieurs qui font l’homme “juste”, et chez les pharisiens comme dans tout groupe religieux qui est en même temps un parti, ou un groupe social, cela voulait dire qu’on était des gens bien. En peu de mots Jésus a retiré leur auréole à ceux qui se flattent d’être des “justes”, sans reproche devant Dieu, et il nous invite à toujours nous placer au dernier rang si nous voulons que Dieu fasse attention à nous. Voici plantée la notion chrétienne de la justification ou, si l’on veut, du chemin qui nous fera rencontrer Dieu : c’est toujours Dieu qui nous accueille et qui remet en ordre notre existence, ce n’est pas nous qui accédons à un état supérieur par nos efforts ou nos mérites (voir Romains 4). Ce n’est pas non plus par hasard que le Pharisien se compare aux autres pour avoir bonne opinion de lui-même. C’est là que le démon attend les personnes et les groupes chrétiens qui se flattent d’avoir choisi un chemin de conversion. Partout où l’on voit l’Église divisée, que les raisons soient politiques ou religieuses, il y a fort à parier qu’on aime cette situation qui permet de se comparer aux autres. Et il est bien difficile de faire partie d’un groupe de “convertis” sans regarder avec une compassion charitable les frères chrétiens qui n’ont pas pris le même chemin.


Source: Bible des peuples