Lecture d'un commentaire (3039)


Lc 12,35

Commentaire: Toute la seconde partie de ce chapitre traite de l’attente qui est au cœur de la vie chrétienne. L’Évangile n’est pas d’abord une forme de religion ou une réforme morale, mais l’annonce d’une dernière étape de l’histoire. Jésus est venu de Dieu pour éveiller un peuple, ou des communautés, qui prépareront son retour. Heureux les serviteurs que le maître trouvera éveillés (37). Éveillés, c’est-à-dire aussi vigilants et clairvoyants : nous refusons d’appeler le bien, mal, et le mal, bien. Le Fils de l’Homme viendra… comme un voleur (39-40). Pourquoi penser seulement au jour de la mort, ou craindre le jugement de Dieu si nous vivons dans sa grâce ? Jésus nous dit que le maître, au retour des noces, est si heureux qu’il renverse les rôles habituels et se met à servir ses serviteurs. Nous servons Dieu depuis des années peut-être, comment n’arriverions-nous pas à cette autre étape de la vie spirituelle où Dieu se plaira à nous combler et à nous faire fête ? Mon seigneur tardera (45). Les responsables peuvent trahir leur mission. Le plus souvent ils commettent l’erreur de ne voir que le bon fonctionnement des institutions et ils oublient le, ou les retours, du Christ. Dieu vient à chaque instant par des événements qui bouleversent nos projets. L’Église ne doit donc pas trop compter sur la planification de ses activités : elle devrait plutôt se demander où en est sa prière et sa disponibilité, pour que le Seigneur lui donne d’être sur le bon pied quand il viendra secouer notre univers. Je dois passer par un baptême… Jésus inaugure les temps qui verront une refonte de toutes les réalités humaines : toutes les frontières seront brisées, toutes les cultures remises en cause : n’imaginons pas que cela puisse se faire sans le feu et la souffrance. Les temps chrétiens ne seront donc pas moins tragiques que ceux qui les ont précédés : voir l’Apocalypse. On sait que le mot baptiser signifie baigner ou plonger. Jésus est à la fois le chef et le premier de ceux qui vont affronter la mort comme le passage nécessaire vers la résurrection. Ce pas si “angoissant” pour Jésus est le véritable baptême, le baptême de feu (voir Luc 3.16) qui nous introduit dans la vie glorieuse et éternelle. Tous les autres baptêmes qu’on célèbre dans nos églises n’en sont que la préparation ( Romains 6.3-5). Je suis venu mettre la division. En tout temps la religion a été le ciment de l’unité nationale et de la paix familiale, et l’on a souvent reproché au christianisme d’avoir relégué au second plan l’obéissance aux autorités tout comme l’obéissance au père. Mais l’Évangile a ceci de particulier qu’il s’adresse à la personne pour qu’elle livre à Dieu le plus secret de sa liberté : c’est là la pierre précieuse que Dieu veut recueillir lorsque l’univers sera devenu cendres. L’Évangile ne mène pas ce monde à un paradis terrestre, mais il le fait mûrir. La mort de Jésus met en pleine lumière ce qui était caché dans les cœurs ( Luc 2.35) ; elle révèle aussi le mensonge et la violence présents dans nos sociétés, comme c’était le cas pour la société juive à l’époque de Jésus.


Source: Bible des peuples