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Jn 18,28

Commentaire: LA DATE DE LA PÂQUE Ce verset est le témoignage le plus fort sur le point suivant : Jésus est jugé par Pilate au matin du jour où se célèbre la Pâque, et il meurt ce même jour, quelques heures avant le repas pascal. La Pâque se célébrait cette année-là un sabbat (Jean 18.31 ; Marc 15.42) et le repas pascal se célébrait le vendredi soir : rappelons que chez les Juifs le “jour” de 24 heures commence au début de la nuit, lorsque apparaît la première étoile, et la nuit vient avant le jour, lequel se terminera de même au crépuscule. La Pâque se célébrait toujours à la pleine lune : le 14-15 du mois d’Abib, le mois du printemps (mois de Nisan dans le calendrier babylonien) : voir Exode 12.6 ; 23.15. Elle pouvait donc tomber n’importe quel jour de la semaine. Le fait qu’elle tombe cette année-là un samedi aide à retrouver l’année de la mort de Jésus : selon toute probabilité, en l’an 30, ce qui s’accorde très bien avec le début de la prédication de Jean Baptiste à l’automne 27. Le synoptiques semblent contredire Jean, puisqu’ils disent que Jésus a “mangé la Pâque” un jour plus tôt, c’est-à-dire le jeudi au soir — la veille du jour où il est mort, qui était un vendredi. Comment expliquer ce décalage ? Une des explications possibles est la suivante : Jésus aurait célébré la Pâque suivant un autre calendrier que le calendrier officiel : peut-être un calendrier essénien. En ce cas, le décalage pourrait avoir été d’un jour, comme il semble résulter des synoptiques : jeudi soir au lieu du vendredi soir. Mais ce n’est qu’une supposition. Une autre hypothèse a été proposée : Jésus aurait suivi un calendrier non officiel avec trois jours de décalage, et la Cène aurait eu lieu le mardi soir. Cette date serait confirmée par l’usage très ancien de certaines Églises du Moyen Orient qui demandaient deux jours de jeûne, le mardi et le vendredi, le mardi étant justifié par l’arrestation de Jésus. Ce décalage aurait l’avantage de rendre plus plausible le déroulement du procès de Jésus dont on se demande comment il a pu être si rapide : comparution devant Anne dans la nuit du jeudi, devant le plénum du Sanhédrin au vendredi matin, devant Pilate avec la flagellation, la seconde séance, chemin de croix et mort de Jésus vers les trois heures. Si l’arrestation avait eu lieu dans la nuit du mardi, on serait plus à l’aise pour suivre le déroulement. Bien des doutes, pourtant, ont été soulevés à l’encontre de cette hypothèse. La solution la plus probable est la suivante : Jésus n’a pas célébré la Pâque : voir la note placée en Luc*22.10. Outre ce que nous disons en cet endroit sur la façon habituelle de répondre de Jésus, il y a le fait que le récit des évangiles a été composé dans un milieu chrétien qui savait que la dernière Cène de Jésus avait été de fait l’inauguration de la nouvelle Pâque. Tous les Juifs préparent la Pâque ces jours-là, et Jésus également prépare “sa” Pâque. Donc les évangélistes ne se font pas de scrupule pour mettre le mot Pâque sur les lèvres des disciples et de Jésus lui-même. Mais les récits évangéliques de la dernière Cène ne font allusion à aucun des détails de la célébration juive, avec un agneau qu’on allait immoler au Temple ; rien n’en rappelle l’esprit : on ne retrouve que le Serviteur souffrant de Yahvé ( Isaïe 52.13) et la nouvelle Alliance ( Exode 19 ; Jérémie 31.31).


Source: Bible des peuples