Lecture d'un commentaire (2778)


Jn 8,31

Commentaire: LA VÉRITÉ — LA LIBERTÉ — LE PÉCHÉ Jésus dit aux Juifs qui croyaient en lui. Ils croyaient en Jésus à leur manière et ressemblaient beaucoup à ceux que Paul attaque dans Galates 3-4. Ces discussions avec ceux qui prétendent être dans la vraie religion nous font deviner comment Jésus reprendrait beaucoup de ceux qui se vantent d’être chrétiens ou “catholiques”, s’il se trouvait parmi nous aujourd’hui. Jésus nous reprocherait moins nos péchés que de continuer à vivre dans le péché. Les péchés sont de mauvaises actions qui sont parfois excusables, et souvent nous les regrettons dès que nous les avons commises. Mais “être dans le péché”, c’est vivre dans le mensonge ; c’est persister dans un certain orgueil, nous entêter dans notre propre jugement et sur nos propres droits : cette attitude nous empêche d’entrer dans les voies de Dieu, même quand apparemment nous vivons honnêtement et que nous proclamons notre foi. Jésus n’est pas l’étendard d’un groupe social, catholique ou autre, dont on pourrait se servir pour lutter contre d’autres groupes. Il vient comme le roi du royaume de la vérité. Ceux qui cherchent la vérité lui appartiennent, quelles que soient leurs idées, et plus encore ceux qui vivent dans la vérité. Pour les Juifs, le monde se divisait en deux groupes : les enfants d’Abraham, c’est-à-dire eux-mêmes, et le reste. Ils se vantaient de leurs ancêtres, oubliant que pour Dieu chacun est ce qu’il est. Jésus se présente à eux comme le témoin de la vérité et sa seule présence les force à s’examiner. La vérité dont Jésus parle n’est pas une doctrine que ses disciples doivent imposer par la force. Elle n’a pas besoin de propagandistes tout bardés d’arguments et de citations bibliques, mais de témoins qui parlent de leur expérience. Jésus dit : La vérité vous libérera, mais aussi Le Fils vous libérera (32 et 36) ; “notre” vérité consiste donc à vivre selon notre vocation d’enfants de Dieu. Le croyant qui se sait aimé de Dieu et qui s’efforce d’être vrai, est déjà dans la vérité, même s’il garde encore certains préjugés de son milieu, même s’il est inconsciemment guidé dans son mode de vie par bien des mensonges ou illusions. Jésus parle aussi de liberté. Vérité et liberté vont ensemble. Les individus, comme les nations, n’épargnent aucun effort pour rompre leurs chaînes. Mais aussitôt libérés, ils retombent rapidement dans d’autres formes de soumission, parce que la racine de l’esclavage se trouve en nous. En faisant le mal on se fait complice du démon et même sans le vouloir on tombe dans ses filets. Il est ensuite difficile de résister aux illusions et aux mauvaises influences grâce auxquelles le père du mensonge tient le monde en son pouvoir (44). Tant que nous nous agitons sans penser à notre vraie condition, nous ne sommes que des esclaves, même si nous nous distinguons par nos richesses, nos connaissances ou notre rang. Nous grossissons les rangs du monde d’en bas toujours provisoire. Des générations d’esclaves se succèdent et passent comme les vagues de la mer : les esclaves restent dans la maison pour un certain temps (34). Par contre le Christ nous fait entrer dès maintenant dans un autre monde, celui d’en haut, où tout demeure (35). À partir du moment où nous sommes fils, tout ce que nous faisons donne des fruits pour l’éternité. Avant qu’Abraham ne soit venu, moi Je Suis (58). C’est la septième fois qu’apparaît “je suis” dans ce chapitre, et cette fois nous devons le prendre au sens fort qui ne convient qu’à Dieu lui-même, tel qu’il s’est révélé à Moïse. Mais on ne trahirait pas le sens profond de cette déclaration en traduisant : “Avant Abraham, il y a Moi”.


Source: Bible des peuples