Lecture d'un commentaire (19212)


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Commentaire: LES FESTIVITÉS À SHUSHAN
À l'expiration des cent quatre-vingts jours prévus pour le festin des nobles, Assuérus organisa une grande fête pour les habitants de Suse, la capitale de l'Élam. Depuis la création du monde jusqu'à la fin du déluge, une loi non écrite était en vigueur, selon laquelle le fils premier-né des patriarches devait être le chef du monde. C'est ainsi que Seth succéda à Adam, puis Enosh, et ainsi de suite, de fils premier-né en fils premier-né, jusqu'à Noé et son fils aîné Sem. Or, le fils premier-né de Sem était Elam et, selon la coutume, il aurait dû recevoir la domination universelle qui était son héritage. Sem, en tant que prophète, savait qu'Abraham et sa postérité, les Israélites, ne seraient pas issus de la famille d'Elam, mais de celle d'Arpachshad. C'est pourquoi il désigna Arpachshad comme son successeur, et par lui la royauté descendit à Abraham, puis à Isaac, Jacob et Juda, puis à David et à sa postérité, jusqu'au dernier roi de Judée, Sédécias, qui fut privé de sa souveraineté par Nabuchodonosor.
C'est alors que Dieu parla ainsi: «Tant que le gouvernement était entre les mains de mes enfants, j'étais prêt à faire preuve de patience. Les fautes de l'un étaient réparées par l'autre. Si l'un était méchant, l'autre était pieux. Mais maintenant que la domination a été arrachée à mes enfants, elle reviendra au moins à ses premiers détenteurs. Élam était le fils aîné de Sem, et c'est à sa descendance qu'il reviendra de gouverner.» C'est ainsi que Suse, la capitale de l'Élam, devint le siège du gouvernement. (14)
S'il y a eu des célébrations à Suse, c'est à cause d'Haman qui, dès les premiers jours de l'année, a ourdi des intrigues contre les Juifs. Il se présenta devant Assuérus et dit: «Ô roi, ce peuple est un peuple particulier. Qu'il te plaise de le détruire.» Assuérus répondit: «Je crains le Dieu de ce peuple ; il est très puissant, et je me souviens de ce qui est arrivé à Pharaon pour avoir maltraité les Israélites.» «Leur Dieu, dit Haman, hait la vie impudique. Prépare donc pour eux des festins, et ordonne-leur de prendre part aux réjouissances. Qu'ils mangent, qu'ils boivent et qu'ils agissent selon les désirs de leur cœur, afin que leur Dieu s'irrite contre eux.»
Lorsque Mardochée entendit parler des fêtes prévues, il conseilla aux Juifs de ne pas y participer. (15) Tous les hommes importants de son peuple et beaucoup de gens des classes inférieures prirent son conseil à cœur. Ils s'enfuirent de Suse, pour ne pas être obligés de participer aux festivités. (16) Les autres restèrent dans la ville et cédèrent à la force ; ils prirent part aux célébrations et se permirent même de manger des mets préparés par les païens, bien que le roi eût pris soin de ne pas heurter la conscience religieuse des Juifs par de tels détails. (17) Il avait été si rigoureux qu'ils n'avaient pas besoin de boire du vin touché par la main d'un idolâtre, et encore moins de manger des aliments interdits. L'organisation du festin était entièrement confiée à Haman et à Mardochée, afin que ni Juif ni païen ne pût s'absenter pour des raisons religieuses. (18)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg