Lecture d'un commentaire (19198)


Dn 1,6

Commentaire: DANIEL
Le membre le plus éminent de la diaspora babylonienne était Daniel. Bien qu'il ne soit pas prophète (76), il n'est surpassé par aucun autre en sagesse, en piété et en bonnes actions. Il manifesta sa ferme adhésion au judaïsme dès sa prime jeunesse, lorsque, page à la cour royale, il refusa de prendre part au pain, au vin et à l'huile des païens, même si la loi n'interdisait pas d'en jouir. (77) En général, sa position éminente à la cour fut maintenue au prix de nombreuses difficultés, car lui et ses compagnons, Hanania, Misaël et Azaria, étaient enviés pour leurs distinctions par de nombreux ennemis qui cherchaient à les ruiner.
Un jour, ils furent accusés devant le roi Nabuchodonosor de mener une vie impudique. Le roi décida d'ordonner leur exécution. Mais Daniel et ses amis mutilèrent certaines parties de leur corps et montrèrent ainsi combien les accusations portées contre eux étaient infondées. (78)
Dans sa jeunesse, Daniel donna la preuve de sa sagesse en condamnant deux vieux pécheurs qui avaient faussement témoigné contre Suzanne, aussi belle que bonne. Trompé par les faux témoins, le tribunal avait condamné Suzanne à mort. Alors Daniel, poussé par une force supérieure (Dn 13,45), apparut parmi le peuple, proclama que le mal avait été fait et demanda que l'affaire soit rouverte. Et c'est ce qui s'est passé. Daniel lui-même interrogea les témoins l'un après l'autre. Les mêmes questions étant adressées à l'un et à l'autre, et les réponses ne concordant pas entre elles, les faux témoins furent condamnés, et on leur fit subir la peine qu'ils auraient voulu que le tribunal infligeât à leur victime. (79)
La position élevée de Daniel dans l'État remonte à l'époque où il interpréta le rêve de Nabuchodonosor (Dn 2,26). Le roi dit aux astrologues et aux magiciens: «Je connais mon rêve, mais je ne veux pas vous dire ce qu'il était, sinon vous inventerez n'importe quoi et vous prétendrez que c'est l'interprétation du rêve. Mais si vous me dites le rêve, j'aurai confiance dans l'interprétation que vous en ferez.»
Après de longues discussions entre Nabuchodonosor et ses sages, ceux-ci avouèrent que le souhait du roi aurait pu être exaucé si le Temple avait encore existé. Le grand prêtre de Jérusalem aurait pu révéler le secret en consultant l'urim et le thummim. C'est alors que le roi se mit en colère contre ses sages, qui lui avaient conseillé de détruire le Temple, tout en sachant qu'il pouvait être utile au roi et à l'Etat. Il ordonna qu'ils soient tous exécutés. Daniel leur sauva la vie en récitant le rêve du roi et en en donnant l'interprétation. (80) Le roi fut si admiratif de la sagesse de Daniel qu'il lui rendit des honneurs divins. Daniel, cependant, refusa un traitement aussi extravagant: il ne voulait pas être l'objet d'une vénération idolâtre. (81) Il quitta Nabuchodonosor pour échapper aux marques d'honneur dont il était l'objet, et se rendit à Tibériade, où il construisit un canal. En outre, il fut chargé par le roi de faire venir en Babylonie du fourrage pour le bétail et des porcs d'Alexandrie. (82)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg