Lecture d'un commentaire (19181)


2R 15,5

Commentaire: LES DEUX ROYAUMES CHÂTIÉS
Atteint de lèpre, Ozias était inapte à régner comme roi, et Jotham administra les affaires de Juda pendant vingt-cinq ans avant la mort de son père. (37) Jotham possédait une telle piété que ses vertus ajoutées à celles de deux autres hommes très pieux suffisent à expier tous les péchés de l'humanité entière commis depuis l'heure de la création jusqu'à la fin des temps. (38)
Achaz, le fils de Jotham, ne lui ressemblait pas du tout. «Il fut pécheur de la première à la dernière heure. (39) Il abolit le vrai culte de Dieu, interdit l'étude de la Torah, érigea une idole dans la chambre haute du Temple et méconnut les lois juives sur le mariage. (40) Ses transgressions sont d'autant moins pardonnables qu'il a péché contre Dieu en connaissant sa grandeur et sa puissance, comme le montre sa réponse au prophète. Isaïe lui dit: «Demande un signe de Dieu, comme, par exemple, que les morts se lèvent, que Koré sorte du séjour des morts, ou qu'Elie descende du ciel.» La réponse du roi fut la suivante: «Je sais que tu as le pouvoir de faire l'un ou l'autre de ces signes, mais je ne veux pas que le nom de Dieu soit glorifié par moi.» (41)
La seule qualité que possédait Achaz était le respect pour Isaïe. (42) Pour éviter ses reproches, Achaz se déguisait lorsqu'il allait à l'étranger, afin que le prophète ne le reconnaisse pas. (43) Ce n'est qu'à cette circonstance, jointe au fait qu'il était le père d'un fils pieux et le fils d'un père également pieux, qu'il faut attribuer que, malgré sa méchanceté, Achaz n'est pas de ceux qui ont perdu leur part dans le monde à venir. Mais il n'échappa pas au châtiment ; au contraire, son châtiment fut sévère, non seulement en tant que roi, mais aussi en tant qu'homme. Dans la guerre mal engagée contre Pékah, le roi du royaume du Nord, il perdit son fils aîné, un grand héros. (44)
Pékach n'eut cependant pas la possibilité de jouir des fruits de sa victoire, car le roi d'Assyrie envahit son empire, s'empara du veau d'or à Dan et conduisit les tribus de l'est du Jourdain à l'exil. Le démembrement du royaume d'Israël se poursuivit pendant quelques années. Sous le règne d'Osée, les Assyriens enlevèrent le second veau d'or ainsi que les tribus d'Aser, d'Issacar, de Zabulon et de Nephtali, ne laissant qu'un huitième des Israélites dans leur pays. La plus grande partie des exilés fut emmenée à Damas. Après cela, la ruine d'Israël l'atteignit à pas de géant, et le dernier souverain d'Israël accéléra la fin de son royaume par un acte de piété. Après que les veaux d'or eurent été enlevés par les Assyriens, Hoshea, le roi du Nord, abolit l'institution des gardes à la frontière entre Juda et Israël pour empêcher les pèlerinages à Jérusalem. Mais le peuple ne profita pas de la liberté qui lui était accordée. Il persista dans son culte idolâtre, ce qui accéléra son châtiment. Tant que leurs rois leur avaient mis des bâtons dans les roues, ils pouvaient s'excuser devant Dieu de ne pas l'adorer de la vraie manière. L'action de leur roi Osée ne leur laissait aucune défense. Lorsque les Assyriens firent leur troisième incursion en Israël, le royaume du Nord fut détruit à jamais, et le peuple, tout entier, fut emmené en exil. (45)
Les nations païennes installées en Samarie par les Assyriens à la place des dix tribus déportées furent contraintes par Dieu d'accepter la vraie religion des Juifs. Néanmoins, elles continuèrent à adorer leurs anciennes idoles: les Babyloniens rendaient hommage à une poule, les gens de Cuthah à un coq, ceux de HaMt à un bélier ; le chien et l'âne étaient les dieux des Avvites, le mulet et le cheval ceux des Sépharvites. (46)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg