Lecture d'un commentaire (19173)


2R 5,20

Commentaire: GEHAZI
Géhazi, qui s'est montré indigne de confiance à cette occasion, suscite à nouveau l'ire du prophète lorsqu'il passe outre l'ordre de ne pas accepter d'argent de la part de Naaman, le capitaine syrien. Il ne réussit pas à tromper le prophète. A son retour de chez Naaman, il trouva Elisée occupé à l'étude du chapitre de la Mishna Shabbat qui traite des huit reptiles. Le prophète Élisée l'accueillit avec une réprimande: «Le temps est venu pour moi d'être récompensé pour l'étude de la Mishna sur les huit reptiles. Que ma récompense soit que la maladie de Naaman t'afflige, toi et ta descendance, pour toujours.» A peine ces mots étaient-ils sortis de ses lèvres qu'il vit la lèpre sortir sur le visage de Guéhazi. (15) Guéhazi méritait le châtiment en raison de sa bassesse de caractère. Il était sensuel et envieux, et ne croyait pas à la résurrection des morts. Ses qualités indignes se manifestèrent dans sa conduite à l'égard de la Shunamite et des disciples d'Elisée. Lorsque la jolie Shunamite vint trouver le prophète, affligée par la mort de son enfant, Guéhazi la prit passionnément dans ses bras, sous prétexte de l'éloigner du prophète, sur lequel elle s'était appuyée dans ses supplications.
Quant aux autres disciples d'Elisée, il s'efforçait de les éloigner de la maison du prophète. Il avait l'habitude de se tenir devant la porte. Beaucoup s'en détournèrent et rentrèrent chez eux, car ils pensaient que si la maison n'était pas pleine à craquer, Guéhazi ne se tiendrait pas à l'extérieur. Ce n'est qu'après le renvoi de Guéhazi que les disciples d'Élisée se multiplièrent à merveille. L'incrédulité de Guéhazi à l'égard de l'enfant de la Shunamite montre qu'il ne croyait pas à la résurrection des morts. (16)
Malgré tous ces défauts, Elisée regrettait d'avoir rejeté son disciple, grand connaisseur de la loi, d'autant plus que Guéhazi s'était abandonné à une vie de péché après avoir quitté le prophète. Par le magnétisme, il fit flotter dans l'air les veaux d'or de Béthel, et beaucoup furent amenés à croire à la divinité de ces idoles. De plus, il grava le grand et terrible nom de Dieu dans leur bouche. C'est ainsi qu'ils devinrent capables de parler et qu'ils prononcèrent les mêmes paroles que celles que Dieu avait proclamées au Sinaï: «Je suis l'Éternel, ton Dieu, tu n'auras pas d'autres dieux devant Moi. Elisée se rendit donc à Damas pour ramener Guéhazi dans les voies de la justice. Mais celui-ci resta impénitent, car il dit: «J'ai appris de toi-même qu'il n'y a pas de retour pour celui qui non seulement pèche lui-même, mais encore incite les autres à pécher.» (17) Guéhazi mourut donc sans avoir rien fait pour expier ses transgressions, qui étaient si grandes qu'il est l'un des rares Juifs à ne pas avoir de part au Paradis. (18) Ses enfants ont hérité de sa lèpre. Lui et ses trois fils sont les quatre lépreux qui ont informé le roi d'Israël de la fuite précipitée de l'armée syrienne. (19)
La sévérité excessive d'Elisée à l'égard de son serviteur Guéhazi et des garçons moqueurs de Jéricho n'est pas restée impunie. Il a dû endurer deux périodes de maladie, et la troisième maladie qui l'a frappé a causé sa mort. Il est le premier à avoir survécu à une maladie. Avant lui, la mort était le compagnon inévitable de la maladie. (20)
Un grand miracle marque la fin d'une vie riche en actes miraculeux: un mort revint à la vie au contact du cercueil d'Elisée et se mit sur ses pieds. C'est pour un personnage digne de ce nom que le miracle a été accompli: Shallum, fils de Tikva, époux de la prophétesse Hulda, un homme d'origine noble, qui avait mené une vie pleine de bonté. Il avait l'habitude d'aller chaque jour au-delà de la ville, portant la cruche d'eau avec laquelle il donnait à boire à tous les voyageurs, une bonne action qui recevait une double récompense. Sa femme devint prophétesse, et lorsqu'il mourut et que ses funérailles, auxquelles assistait une foule nombreuse, furent troublées par l'invasion des Araméens, il reçut une nouvelle vie au contact des ossements d'Elisée. Il vécut et eut un fils, nommé Hanamel. (21)
La mort d'Elisée fut un grand malheur pour les Israélites. Tant qu'il était en vie, aucune troupe araméenne ne pénétra en Palestine. Leur première invasion eut lieu le jour de son enterrement. (22)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg