Lecture d'un commentaire (19172)


2R 4,8

Commentaire: LE SHUNAMMITE
La grande femme de Shunem, sœur d'Abishag et épouse du prophète Iddo (10), avait elle aussi des raisons d'être profondément reconnaissante envers Elisée. Lorsque Elisée vint à Shunem au cours de son voyage à travers le pays d'Israël, sa sainteté fit une profonde impression sur la Shunamite. En effet, le regard du prophète était si admirable que la femme pouvait maintenant le regarder en face et vivre. (11) Contrairement à l'habitude de la plupart des femmes, qui cherchent à réduire leurs dépenses et leur labeur, la Shunammite se réjouit du privilège d'accueillir le prophète dans sa maison en tant qu'invité. Elle observa qu'aucune mouche n'osait s'approcher du saint homme et qu'un parfum de reconnaissance s'exhalait de sa personne. «S'il n'était pas un si grand saint, dit-elle, et si la sainteté du Seigneur ne l'imprégnait pas, il ne dégagerait pas un parfum aussi agréable. Pour qu'il ne soit pas dérangé, elle lui attribua les meilleures chambres de la maison. Quant à lui, désireux de lui témoigner sa reconnaissance pour son hospitalité, il ne connut pas de meilleur retour pour sa bonté que de lui promettre qu'elle serait bénie d'un enfant dans l'année qui suivrait. (12) La femme protesta: «Mon mari est un vieil homme, et je ne suis pas en âge d'avoir des enfants ; la promesse ne peut s'accomplir.» Mais il arriva ce que le prophète avait annoncé. Avant que douze mois ne se soient écoulés, elle était mère.
Quelques années plus tard, son enfant mourut subitement. La mère se rendit chez le prophète et se lamenta devant lui: «Si le vase était resté vide, plutôt que d'être rempli d'abord, et de rester vide ensuite». Le prophète avoua que, bien qu'il soit généralement au courant de tout ce qui devait arriver, Dieu l'avait laissé dans l'ignorance du malheur qui l'avait frappée. Confiant en Dieu, il donna son bâton à son disciple Guéhazi et l'envoya ramener l'enfant à la vie. Mais Guéhazi n'était pas digne de son maître. Sa conduite à l'égard de la Shunamite n'est pas digne d'un disciple du prophète et, surtout, il n'a aucune confiance dans la possibilité d'accomplir la mission qui lui a été confiée. Au lieu d'obéir à l'ordre d'Élisée de ne pas dire un mot sur le chemin de l'enfant de la Shunamite, Guéhazi s'est amusé de la tâche qui lui était confiée. A chaque homme qu'il rencontrait, il posait les questions suivantes: «Crois-tu que ce bâton puisse ramener les morts à la vie ?» Le résultat fut qu'il perdit le pouvoir d'exécuter la mission qui lui avait été confiée. Elisée dut accomplir lui-même le miracle. Le prophète prononça la prière suivante «Seigneur du monde ! Comme tu as fait des prodiges par l'intermédiaire de mon maître Élie et que tu lui as permis de ramener les morts à la vie, ainsi, je te prie, fais un miracle par mon intermédiaire et permets-moi de rendre la vie à ce garçon.» (13) La prière fut exaucée et l'enfant revint à la vie. L'acte du prophète prouve le devoir de gratitude en retour de l'hospitalité. Elisée n'a pas cherché à ressusciter ses propres parents qui avaient été emportés par la mort ; il a invoqué un miracle pour l'amour de la femme qui l'avait accueilli avec bonté dans sa maison. (14)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg