Lecture d'un commentaire (19160)


2Ch 22,5

Commentaire: JORAM D'ISRAËL
De Joram, fils d'Achab, on ne peut que dire qu'il avait les défauts de son père sans en avoir les vertus. Achab était libéral, Joram avare, il se livrait même à des pratiques usuraires. Il exigea d'Abdias, le pieux protecteur des prophètes en fuite, un taux d'intérêt élevé sur l'argent nécessaire à leur subsistance. En conséquence, à sa mort, il tomba transpercé entre les bras, la flèche s'enfonçant dans son cœur, parce qu'il avait tendu les bras pour recevoir l'usure, et qu'il avait endurci son cœur contre la compassion. (53) Au cours de son règne, un seul événement mérite d'être mentionné: sa campagne contre Moab, entreprise en alliance avec les rois de Juda et d'Édom, et qui se termina par une splendide victoire remportée par les rois alliés. Il est inutile de préciser que Joram et son peuple ne tirèrent pas la bonne leçon de cette guerre. Ils continuèrent à désobéir aux ordres de Dieu. Le roi de Moab, quant à lui, chercha à se rapprocher de Dieu. Il réunit ses astrologues et leur demanda pourquoi les Moabites, qui réussissaient dans leurs entreprises guerrières contre d'autres nations, n'étaient pas à la hauteur des Israélites. Les astrologues expliquèrent que Dieu était bienveillant à l'égard d'Israël, parce que son ancêtre Abraham avait été prêt à sacrifier Isaac sur son ordre. Le roi moabite se dit alors que si Dieu accordait une si grande valeur à une simple bonne intention, la récompense serait bien plus grande si elle était mise à exécution. Il se mit donc à sacrifier son fils, le successeur du trône, au Dieu d'Israël, lui qui adorait habituellement le soleil. Dieu dit: «Les païens ne me connaissent pas, et leur méchanceté vient de leur ignorance ; mais vous, Israélites, vous me connaissez, et pourtant vous agissez avec rébellion à mon égard. (54)
A la Suite des sept années de famine, les conditions de vie en Samarie furent effrayantes pendant la plus grande partie du règne de Joram. La première année, tout ce qui était entreposé dans les maisons fut dévoré. La deuxième année, le peuple subvint à ses besoins avec ce qu'il pouvait ramasser dans les champs. La chair des animaux purs suffit pour la troisième année ; la quatrième année, on eut recours aux animaux impurs ; la cinquième année, aux reptiles et aux insectes ; et la sixième année, il arriva une chose monstrueuse: des femmes affamées mangèrent leurs propres enfants. Mais le comble de la détresse fut atteint la septième année, lorsque les hommes cherchèrent à ronger la chair de leurs propres os. (55) C'est à ces événements que s'appliquent les prophéties de Joël, qui vécut aux jours terribles de la famine, sous le règne de Joram.
Heureusement, Dieu révèla à Joël, au même moment, comment Israël serait sauvé de la famine. L'hiver qui suivit les sept années de disette n'apporta aucun soulagement, car la pluie se fit attendre jusqu'au premier jour du mois de Nisan. Lorsqu'elle commença à tomber, le prophète dit au peuple: «Sortez et semez !». Mais ils lui dirent: «Celui qui a mis de côté une mesure de blé ou deux mesures d'orge ne doit-il pas utiliser ses réserves pour manger et vivre, plutôt que pour semer et mourir ? Mais le prophète les exhorta: «Non, sortez et semez.» Et un miracle se produisit. Dans les fourmilières et les trous de souris, ils trouvèrent assez de grains pour la semence, et ils la jetèrent en terre le deuxième, le troisième et le quatrième jour de Nisan. Le cinquième jour du mois, la pluie tomba à nouveau. Onze jours plus tard, le grain était mûr et l'offrande de l'Omer pouvait être apportée au moment prévu, le seize du mois. C'est à cela que pensait le Psalmiste lorsqu'il disait: «Ceux qui sèment dans les larmes moissonneront dans la joie.» (Ps 125,5) (56)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg