Lecture d'un commentaire (19098)


Jos 6,27

Commentaire: LA CONQUÊTE DE LA TERRE
La première victoire de Josué est la merveilleuse prise de Jéricho. Toute la ville fut déclarée anathème parce qu'elle avait été conquise le jour du sabbat. Josué estima que, de même que le sabbat est saint, de même ce qui avait été conquis le jour du sabbat devait être saint. (22) Cette brillante victoire fut suivie d'une défaite malheureuse à Aï. Dans cet engagement périt Jaïr, fils de Manassé, dont la perte est aussi grande que si la majorité du Sanhédrin avait été détruite. (23) Josué découvrit alors que la cause de la défaite était le péché d'Israël, provoqué par Acan, qui avait mis la main sur une partie du butin de Jéricho. Acan était un transgresseur endurci et un criminel de longue date. Pendant la vie de Moïse, il s'était plusieurs fois approprié des choses qui avaient été déclarées anathèmes, (24) et il avait commis d'autres crimes dignes de la peine de mort. (25) Avant que les Israélites ne franchissent le Jourdain, Dieu n'avait pas fait retomber les péchés d'Acan sur l'ensemble du peuple, car celui-ci ne formait pas encore une unité nationale. Mais lorsqu'Acan déroba à Jéricho une idole et tous ses accessoires, (26) le malheur d'Aï s'ensuivit aussitôt.
Josué demanda à Dieu pourquoi le malheur s'était abattu sur Israël, mais Dieu refusa de répondre. (27) Josué convoqua d'abord le grand prêtre dans l'assemblée du peuple. Il apparut que, tandis que les autres joyaux de son pectoral brillaient d'un vif éclat, la pierre représentant la tribu de Juda était pâle. (28) Par le sort, Acan fut distingué des membres de sa tribu. Mais Acan refusa de se soumettre à la décision du sort. Il dit à Josué «Parmi tous les vivants, toi et Phinéas, vous êtes les plus pieux. Pourtant, si l'on vous tirait au sort, l'un ou l'autre d'entre vous serait déclaré coupable. Ton maître Moïse est mort depuis un mois à peine, et toi, tu as déjà commencé à t'égarer, car tu as oublié que la culpabilité d'un homme ne peut être prouvée que par deux témoins.»
Animé par l'esprit saint, Josué avait compris que le pays devait être attribué aux tribus et aux familles d'Israël par tirage au sort, et il se rendit compte qu'il ne fallait rien faire qui puisse jeter le discrédit sur cette méthode de décision. Il s'efforça donc de persuader Acan de faire table rase de sa transgression. (29) Entre-temps, les Judéens, membres de la tribu d'Acan, s'étaient ralliés à lui et, se jetant sur les autres tribus, ils provoquèrent de terribles ravages et des effusions de sang. Cela poussa Acan à confesser ses péchés. (30) Cette confession lui coûta la vie, mais lui évita de perdre sa part dans le monde à venir. (31)
Malgré les revers subis à Aï, (32) la terreur inspirée par les Israélites grandit parmi les peuples cananéens. Les Gabaonites projetaient de contourner les envahisseurs et de s'allier avec eux. Or, Josué, avant de se mettre en campagne, avait fait trois proclaMtons: la nation qui quitterait Canaan pourrait partir sans encombre ; la nation qui conclurait la paix avec les Israélites devrait le faire immédiatement ; la nation qui choisirait la guerre devrait faire ses préparatifs. Si les Gabaonites avaient sollicité l'amitié des Juifs dès que la proclaMton était parvenue à leurs oreilles, il n'y aurait pas eu besoin de subterfuges par la suite. Mais les Cananéens devaient voir de leurs propres yeux quel type d'ennemi les attendait, et toutes les nations se préparèrent à la guerre. Le résultat fut que les trente et un rois de Palestine périrent, ainsi que les satrapes de nombreux rois étrangers, qui s'enorgueillissaient de posséder des biens en Terre sainte. (33) Seuls les Girgashites quittèrent la Palestine et, en récompense de leur docilité, Dieu leur donna l'Afrique en héritage. (34)
Les Gabaonites ne méritaient pas un meilleur sort que tous les autres, car l'alliance conclue avec eux reposait sur un malentendu ; cependant Josué leur tint sa promesse, afin de sanctifier le nom de Dieu, en montrant au monde combien un serment est sacré pour les Israélites. (35) Dans la suite des événements, il devint évident que les Gabaonites n'étaient nullement dignes d'être reçus dans la communion juive, et David, suivant l'exemple de Josué, les exclut pour toujours, sentence qui restera en vigueur même au temps messianique. (36)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg