Lecture d'un commentaire (19076)


Dt 32,51

Commentaire: DIEU TENTE DE RÉCONFORTER MOÏSE À PROPOS DE SA MORT
Afin que Moïse ne prenne pas trop à cœur sa fin prochaine, Dieu essaya de le réconforter en lui faisant remarquer que, de son vivant, il avait reçu de son Créateur des distinctions comme aucun homme avant lui, et que des distinctions encore plus grandes l'attendaient dans le monde futur. Dieu lui dit: «Ne te souviens-tu pas du grand honneur que Je t'ai fait ? Tu m'as dit: «Lève-Toi», et je me suis levé ; tu as dit: «Retourne-Toi», et je me suis retourné ; Pour toi aussi, j'ai inversé l'ordre du ciel et de la terre, car l'ordre du ciel est de faire descendre la rosée et la pluie, et l'ordre de la terre est de produire du pain. Mais tu M'as dit: «Je ne veux pas qu'il en soit ainsi, mais demande au ciel de faire descendre le pain et à la terre de faire jaillir l'eau», et J'ai agi selon ton désir ; J'ai fait pleuvoir du pain du ciel, et le puits a «jailli».' Tu as dit: «Si le Seigneur fait une chose nouvelle, et si la terre ouvre sa bouche et les engloutit, vous comprendrez que le Seigneur m'a envoyé», et J'ai accompli ta volonté, et la terre les a engloutis. J'avais aussi dit: «Celui qui sacrifie à un dieu quelconque, sauf à l'Éternel, sera exterminé». Mais lorsqu'Israël a péché avec le veau d'or et que j'ai voulu les traiter selon Mes paroles, tu ne m'as pas laissé faire, en disant: «Pardonne, je Te prie, l'iniquité de ce peuple», et Je leur ai pardonné comme tu me l'as demandé. De plus, la Torah porte mon nom, c'est la Torah du Seigneur, mais je l'ai nommée d'après ton nom, en disant: «C'est la Torah de Mon serviteur Moïse». Les enfants d'Israël portent aussi Mon nom, car pour Moi les enfants d'Israël sont des serviteurs, ils sont Mes serviteurs, mais Je les ai appelés de ton nom. Je t'ai encore distingué, car de même qu'il n'y a pour Moi ni nourriture ni boisson, de même tu es resté dans le ciel quarante jours et quarante nuits, et pendant tout ce temps, «tu n'as ni mangé de pain ni bu d'eau». J'ai des prophètes, et tu as un prophète, car Je t'ai dit: «Aaron, ton frère, sera ton prophète». Et comme Je t'ai dit: «Tu verras Mon dos, mais on ne verra pas Mon visage», le peuple a vu ton dos. J'ai glorifié la Torah par vingt-deux lettres, et c'est par toutes ces lettres que Je t'ai glorifié. Je t'ai envoyé à Pharaon, et tu as fait sortir Israël d'Égypte ; par toi, J'ai donné à Israël le sabbat et la loi de la circoncision ; Je t'ai donné les dix commandements, Je t'ai couvert de la nuée, Je t'ai donné les deux tables de pierre, que tu as brisées ; Je t'ai rendu unique au monde ; Je t'ai donné la Torah en héritage, et Je t'ai honoré plus que tous les soixante-dix vieillards».
Moïse dut reconnaître que des marques d'honneur extraordinaires avaient été les siennes. Il dit: «Seigneur du monde ! Tu m'as élevé et tu m'as accordé tant de bienfaits que je ne saurais en énumérer un seul parmi mille, et le monde entier sait comment Tu m'as élevé et honoré, et le monde entier sait aussi que Tu es le Dieu unique, le seul dans Ton monde, qu'il n'y a personne à côté de Toi et qu'il n'y a rien de semblable à Toi. Tu as créé ce qui est en haut et ce qui est en bas, Tu es le commencement et la fin. Qui peut énumérer Tes actes de gloire ? Fais-en un, je Te prie, pour que je puisse passer le Jourdain.» Dieu dit: «'Que cela suffise, ne me parle plus de cette affaire'. Il vaut mieux que tu meures ici, plutôt que tu traverses le Jourdain et que tu meures au pays d'Israël. Là, dans un tombeau fait par les hommes, sur un cercueil fait par les hommes et par les mains des hommes, tu serais enseveli ; mais maintenant tu seras enseveli dans un tombeau fait par Dieu, sur un cercueil fait par Dieu, et tu seras enseveli par les mains de Dieu. Ô mon fils Moïse, beaucoup d'honneur t'a été réservé dans le monde futur, car tu participeras à tous les délices du Paradis, où sont préparés trois cent dix mondes que j'ai créés pour tout homme pieux qui, par amour pour moi, s'est consacré à la Torah. Et de même qu'en ce monde Je t'ai nommé sur les soixante myriades d'Israël, de même dans le monde futur Je te nommerai sur les cinquante-cinq myriades d'hommes pieux. Tes jours, ô Moïse, passeront, quand tu seras mort, mais ta lumière ne s'éteindra pas, car tu n'auras jamais besoin de la lumière du soleil, de la lune ou des étoiles ; tu n'auras besoin ni de vêtements, ni d'un abri, ni d'huile pour ta tête, ni de chaussures pour tes pieds, car ma majesté brillera devant toi, mon éclat fera rayonner ton visage, Je te donnerai l'un de Mes nombreux sceptres sur lesquels est gravé le Nom ineffable, celui que J'avais employé lors de la création du monde, et dont Je t'avais déjà donné l'image en ce monde.» (894)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg