Lecture d'un commentaire (19070)


Nb 31,3

Commentaire: L'ANÉANTISSEMENT COMPLET DE MIDIAN
Alors que Moïse, sans tenir compte des conséquences attendues de la guerre pour lui-même, se rendit volontiers au combat, Israël ne voulut pas obéir à sa convocation à la guerre. Le peuple dont Moïse avait dit une fois: «Ils sont presque prêts à me lapider», lorsqu'il apprit que son chef Moïse devait mourir à la fin de cette guerre, essaya de se dérober, disant qu'il préférait renoncer à une victoire imminente plutôt que de perdre son chef, et chacun se cacha pour ne pas être choisi pour cette guerre. Dieu demanda donc à Moïse de tirer au sort pour décider de leur départ au combat, et ceux qui furent tirés au sort durent suivre l'appel aux armes, même contre leur gré. L'appel au combat de Moïse était le suivant: «Armez les hommes d'entre vous pour le combat, afin d'exécuter la vengeance du Seigneur sur Madian». Moïse parle de la vengeance de l'Éternel, alors que Dieu désigne cette guerre contre Madian comme la vengeance d'Israël. En effet, Moïse dit à Dieu: «Seigneur du monde ! Si nous avions adoré les étoiles et les planètes, les Madianites ne nous auraient pas haïs, ils ne nous haïssent qu'à cause de la Torah et des commandements que Tu nous as donnés, c'est pourquoi Tu dois Te venger d'eux.» (848)
Moïse ne mena pas lui-même la guerre contre Madian, car il se souvenait du proverbe: «Ne jette pas la pierre au puits où tu as puisé de l'eau», et lui qui, fugitif d'Égypte, s'était réfugié à Madian, ne souhaitait pas faire la guerre à ce pays. Il confia la direction du peuple à Phinéas, car «celui qui commence une bonne action l'achèvera», et c'est Phinéas qui avait commencé la guerre de Dieu contre les Madianites en tuant la princesse Cozbi, maîtresse de Zimri, et c'est donc à lui qu'incomba la tâche d'achever cette guerre. Phinéas, en tant que descendant de Joseph, avait d'ailleurs une raison particulière de vouloir se venger des Madianites, puisque c'étaient eux qui avaient vendu Joseph comme esclave en Égypte. (849)
Les forces sous le commandement de Phinéas se composaient de trente-six mille hommes, un tiers pour prendre une part active au combat, un tiers pour garder les bagages, et un tiers pour prier, dont le devoir était, au cours de la bataille, d'implorer Dieu de prêter la victoire aux guerriers d'Israël. Moïse transmit à Phinéas non seulement l'Arche sainte, qu'Israël emporte toujours au combat, mais encore l'Urim et le Tummim, afin qu'il pût, en cas de besoin, consulter Dieu (850). En outre, Phinéas reçut la plaque d'or de la mitre du grand prêtre, car Moïse lui avait dit: «Le fripon Balaam va s'envoler dans les airs par ses sortilèges, et il fera même voler avec lui les cinq rois madianites ; c'est pourquoi vous leur présenterez la plaque d'or pur sur laquelle est gravé le nom de Dieu, et ils tomberont à terre.» Ils firent ce que Moïse avait ordonné, et Balaam et les cinq rois tombèrent effectivement à terre. Ils exécutèrent ensuite Balaam selon les quatre formes prescrites par les lois juives. Ils le pendirent, allumèrent un feu sous le gibet, lui coupèrent la tête avec une épée, puis le firent tomber du gibet dans le feu. Bien qu'Israël ait entrepris la guerre contre Madian sur l'ordre de Dieu, pour se venger du mal qui leur avait été fait, leur méthode de guerre était des plus humaines. Ils attaquèrent les villes madianites par trois côtés seulement, afin de ne pas les empêcher de fuir. La victoire revint à Israël, qui prit possession des villes avec leurs temples, leurs idoles et leurs palais. Les cinq rois de Madian connurent le même sort. Ils furent tous tués de la même manière, comme ils avaient tous fait cause commune pour détruire Israël. Balaam, qui était venu de Mésopotamie en Madian pour recevoir sa récompense pour son conseil de ne pas combattre Israël, mais de les inciter au péché, au lieu d'une récompense, fut tué par les Juifs. (852)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg