Lecture d'un commentaire (19047)


Nb 21,13

Commentaire: A ARNON
Les murmures du peuple, à cause desquels Dieu envoya sur eux les serpents, eurent lieu à Tsalmona, lieu où ne poussaient que des épines et des chardons. De là ils errèrent jusqu'à Punon, où le châtiment de Dieu les atteignit. Dans les deux stations suivantes, à Oboth et à Iye-abarim, ils continuèrent leurs actes d'hostilité contre Dieu, qui, pour cette raison, fut plein de colère contre eux et ne les regarda plus avec faveur jusqu'à ce qu'ils arrivassent à Arnon. La faveur de Dieu se manifesta instantanément lors du passage d'Israël dans la vallée de l'Arnon, où il opéra pour lui des miracles aussi grands que ceux d'autrefois lors du passage de la mer Rouge. Cette vallée était formée de deux hautes montagnes si proches l'une de l'autre que les habitants des deux sommets pouvaient se parler. Mais pour passer d'une montagne à l'autre, il fallait parcourir une distance de sept milles, d'abord en descendant dans la vallée, puis en remontant sur l'autre montagne. Les Amorites, sachant qu'Israël devait maintenant passer par la vallée, se rassemblèrent en masses innombrables, et une partie d'entre eux se cacha dans les grottes, qui étaient nombreuses sur les pentes de la montagne, tandis qu'une autre partie attendait Israël dans la vallée en contrebas, espérant l'attaquer et le détruire à l'improviste, d'en haut et d'en bas, lors de son passage dans la vallée. Mais Dieu déjoua ce plan et fit en sorte qu'Israël ne descende pas du tout dans la vallée, mais qu'il reste en haut, grâce au miracle suivant: En effet, alors que la montagne située d'un côté de la vallée était pleine de cavernes, l'autre était entièrement constituée de rochers pointus. Dieu rapprocha cette montagne rocheuse de l'autre, de sorte que les rochers pointus de l'une entrèrent dans les cavernes de l'autre, et tous les Amorrhéens qui s'y cachaient furent écrasés.
C'est la montagne rocheuse qui fut déplacée, et non l'autre, car cette même montagne rocheuse était le début de la terre promise, et à l'approche d'Israël depuis l'autre montagne, qui était moabite, la terre bondit à leur rencontre, car elle les attendait avec le plus grand désir.
Un vieux proverbe dit: «Si tu donnes un morceau de pain à un enfant, raconte-le à sa mère». De même, Dieu voulait qu'Israël connaisse les grands miracles qu'il avait accomplis pour eux, car ils ne se doutaient pas de l'attaque que les païens avaient projetée contre eux. C'est pourquoi Dieu fit couler la source qui était réapparu depuis leur séjour à Beérot, le long des cavernes, et enleva une grande partie des cadavres. Lorsqu'Israël se retourna pour regarder la source, il l'aperçut dans la vallée de l'Arnon, brillant comme la lune et entraînant les cadavres avec elle. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'ils découvrirent les miracles qui avaient été accomplis en leur faveur. Non seulement les montagnes se sont d'abord rapprochées pour les laisser passer, puis se sont éloignées, mais Dieu les a sauvés d'un grand péril. Ils entonnent alors un chant de louange à la source qui leur a révélé le grand miracle. (662)
Lorsque, au passage de la mer Rouge, Israël voulut entonner un chant de louange, Moïse ne les laissa pas faire seuls, mais leur chanta d'abord le chant qu'ils devaient chanter au Seigneur. En effet, Israël était jeune et ne pouvait que répéter ce que Moïse, son maître, chantait devant eux. Mais lorsque la nation atteignit Arnon, elle était adulte, après ses quarante années de Mche dans le désert. Les Israélites chantèrent alors leur propre cantique, en disant: «Seigneur du monde ! C'est à toi de faire des miracles pour nous, et c'est à nous de t'adresser des chants de louange». Moïse n'avait rien à faire dans le chant de louange à la source, car la source avait été l'occasion de sa mort dans le désert, et l'on ne peut s'attendre à ce qu'un homme chante pour son bourreau. Comme Moïse ne voulait rien avoir à faire avec ce chant, Dieu exigea que son propre nom n'y soit pas mentionné, agissant en cela comme le roi qui, invité à la table d'un prince, refusa l'invitation lorsqu'il apprit que son ami ne serait pas présent au festin. Le chant à la source était le suivant: «C'est le puits que les patriarches du monde, Abraham, Isaac et Jacob, ont creusé, que les princes d'autrefois ont fouillé, que les chefs du peuple, les législateurs d'Israël, Moïse et Aaron, ont fait couler avec leurs bâtons. Dans le désert, Israël l'a reçu en cadeau, et après l'avoir reçu, elle l'a suivi dans toutes ses pérégrinations, sur des montagnes élevées et dans des vallées profondes. Ce n'est qu'en arrivant à la frontière de Moab qu'elle disparut, parce qu'Israël n'avait pas observé les paroles de la Torah. (664)
Israël chanta un cantique à la source seule, et non à la manne, parce qu'il s'était élevé à plusieurs reprises contre la nourriture céleste, et c'est pourquoi Dieu dit: «Je ne veux pas que vous trouviez à redire à la manne, ni que vous la louiez maintenant, et il ne leur a pas permis d'entonner un chant de louange à la manne. (665)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg