Lecture d'un commentaire (19040)


Nb 20,18

Commentaire: L'ATTITUDE PEU FRATERNELLE D'EDOM A L'EGARD D'ISRAEL
De Cadès, Moïse envoya des ambassadeurs au roi d'Édom pour lui demander de permettre à Israël de traverser son territoire. «En effet, pensait Moïse, lorsque notre père Jacob, avec une petite troupe d'hommes, a voulu retourner à la maison de son père, qui n'était pas située dans les possessions d'Ésaü, il lui a déjà envoyé un messager pour lui en demander la permission. A plus forte raison, nous, peuple nombreux, devons-nous nous abstenir de pénétrer sur le territoire d'Edom avant d'en avoir reçu l'autorisation.
Les ambassadeurs de Moïse avaient été chargés de transmettre le message suivant au roi d'Edom: «Depuis l'époque de notre grand-père Abraham, un ordre est resté en souffrance, car Dieu lui avait imposé qu'en Égypte sa descendance soit réduite en esclavage et torturée. Il était de ton devoir, comme du nôtre, de racheter cet ordre, et tu sais que nous avons fait notre devoir alors que tu n'étais pas disposé à le faire. Comme tu le sais, Dieu avait promis à Abraham que ceux qui avaient été asservis en Égypte recevraient Canaan en récompense. Ce pays est donc le nôtre, à nous qui étions en Égypte, et toi qui t'es dérobé au rachat de la dette, tu revendiques ce pays. Traversons donc ton pays jusqu'à ce que nous atteignions le nôtre. Sache aussi que les patriarches, dans leur tombe, ont compati à nos souffrances en Égypte, et que chaque fois que nous avons invoqué Dieu, il nous a entendus et nous a envoyé l'un de ses anges tutélaires pour nous faire sortir d'Égypte. Considère donc que toutes tes armes ne te serviront de rien si nous implorons l'aide de Dieu, qui te renversera aussitôt, toi et tes armées, car c'est notre héritage, et «la voix de Jacob» ne reste jamais sans effet. Afin que tu ne puisses pas prétendre que notre passage dans ton pays ne t'apportera que des désagréments et aucun gain, je te promets que, bien que nous puisions de la boisson dans un puits qui nous accompagne dans nos voyages, et que nous soyons nourris par la manne, nous achèterons néanmoins de l'eau et de la nourriture à ton peuple, afin que tu puisses tirer profit de notre passage.»
Cette promesse n'était pas vaine, car Moïse avait demandé au peuple d'être généreux avec son argent, afin que les Édomites ne les prennent pas pour de pauvres esclaves, mais soient convaincus que, malgré leur séjour en Égypte, Israël était une nation riche. Moïse s'engagea également à munir le bétail de muselières lors de son passage à travers Édom, afin qu'il ne cause aucun dommage aux terres de ses habitants. C'est par ces mots qu'il termina son message au roi d'Édom: «A droite et à gauche de ton pays, nous pourrons piller et massacrer, mais, conformément aux paroles de Dieu, nous ne toucherons pas à tes biens. Mais toutes les prières et les supplications de Moïse restent sans effet, car la réponse d'Edom prend la forme d'une menace: «Vous dépendez de votre héritage, de «la voix de Jacob» à laquelle Dieu répond, et moi aussi je dépendrai de mon héritage, de «la main et de l'épée d'Esaü». Israël doit alors renoncer à atteindre son pays en passant par le territoire d'Édom, non pas par crainte, mais parce que Dieu lui a interdit de faire la guerre aux Édomites, avant même qu'il ait appris par l'ambassade qu'Édom lui avait refusé le droit de passage.
Le voisinage des impies amène le désastre, comme Israël devait en faire l'expérience, car il perdit le pieux Aaron à la frontière d'Édom, et l'enterra sur la montagne de Hor. La nuée qui précédait Israël avait eu l'habitude d'aplanir toutes les montagnes, afin qu'ils puissent se déplacer sur des chemins plats, mais Dieu conserva trois montagnes dans le désert: Le Sinaï, lieu de la révélation ; le Nébo, lieu de la sépulture de Moïse ; et Hor, montagne jumelle, lieu de la sépulture d'Aaron. En dehors de ces trois montagnes, il n'y en avait pas dans le désert, mais la nuée laissait de petites élévations sur le lieu où Israël dressait son camp, afin que le sanctuaire pût s'y établir. (622)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg