Lecture d'un commentaire (19010)


Nb 13,2

Commentaire: L'ENVOI DES ESPIONS
Le châtiment que Dieu infligea à Miriam devait servir de leçon sur la sévérité avec laquelle Dieu punit la calomnie. En effet, Miriam n'avait pas dit de mal de Moïse en présence de quiconque, à l'exception de son frère Aaron. Elle n'avait d'ailleurs aucun mauvais motif, mais une intention bienveillante, souhaitant seulement amener Moïse à reprendre sa vie conjugale. Elle n'osa même pas réprimander Moïse en face, et cependant, malgré sa grande piété, Myriam ne fut pas épargnée par ce lourd châtiment (499). Son expérience, cependant, n'effraya pas les méchants qui, peu après cet incident, firent un mauvais rapport sur la terre promise et, par leurs mauvaises langues, excitèrent tout le peuple à la rébellion contre Dieu, au point qu'il désirait plutôt retourner en Égypte que d'entrer en Palestine. Le châtiment que Dieu infligea aux espions et au peuple qu'ils avaient séduit était bien mérité, car s'ils n'avaient pas été mis en garde contre la calomnie par l'exemple de Miriam, il y aurait peut-être eu encore quelque excuse. Dans ce cas, ils auraient pu ignorer la gravité du péché de calomnie, mais maintenant ils n'avaient plus d'excuse à offrir. (500)
Lorsqu'Israël s'approcha des frontières de la Palestine, il se présenta devant Moïse en disant: «Nous enverrons devant nous des hommes qui exploreront le pays, et qui nous feront savoir par quel chemin nous devons monter et dans quelles villes nous devons entrer.» Ce désir amena Dieu à s'exclamer: «Quoi ! lorsque vous traversiez un pays de déserts et de gouffres, vous ne vouliez pas d'éclaireurs, et maintenant que vous allez entrer dans un pays plein de biens, vous voulez envoyer des éclaireurs». Ce n'est pas seulement le désir lui-même qui est inconvenant, c'est encore la manière dont ils présentèrent leur demande à Moïse ; car, au lieu de s'approcher comme ils en avaient l'habitude, et de laisser les plus âgés se faire les porte-parole des plus jeunes, ils se présentèrent en cette occasion sans guide et sans ordre, les jeunes évinçant les vieux, et ceux-ci repoussant leurs chefs. Leur mauvaise conscience, après avoir fait cette demande - car ils savaient que leur vrai motif était le manque de foi en Dieu - leur fit inventer toutes sortes de prétextes pour leurs projets. Ils dirent à Moïse: «Tant que nous sommes dans le désert, les nuages nous servent d'éclaireurs, car ils nous précèdent et nous indiquent le chemin, mais comme ils ne veulent pas entrer avec nous dans la terre promise, nous voulons des hommes qui explorent le pays pour nous.» Voici un autre argument qu'ils invoquèrent pour justifier leur désir. Ils dirent: «Les Cananéens craignent une attaque de notre part et ont donc caché leurs trésors. C'est pourquoi nous voulons y envoyer des espions à temps, afin qu'ils découvrent pour nous où ils cachent leurs trésors.» Ils cherchèrent par d'autres moyens à donner à Moïse l'impression que leur seul désir était précisément d'appliquer la loi. Ils disaient: «Ne nous as-tu pas appris qu'une idole à laquelle on ne rend plus hommage peut être utilisée, mais qu'elle doit être détruite ? Si nous entrons maintenant en Palestine et que nous trouvions des idoles, nous ne saurions pas lesquelles étaient adorées par les Cananéens et doivent être détruites, et lesquelles ne sont plus adorées, afin que nous puissions les utiliser». Enfin, ils dirent à Moïse ce qui suit: «Toi, notre maître, tu nous as appris que Dieu «chasserait peu à peu les Cananéens devant nous». S'il en est ainsi, nous devons envoyer des espions pour savoir quelles sont les villes que nous devons attaquer en premier.» Moïse se laissa influencer par leur discours, et il aimait aussi l'idée d'envoyer des espions, mais ne voulant pas agir arbitrairement, il soumit à Dieu le désir du peuple. Dieu lui répondit: «Ce n'est pas la première fois qu'ils ne croient pas à mes promesses. En Égypte déjà, ils m'ont ridiculisé ; c'est devenu une habitude pour eux, et je sais ce qui les pousse à envoyer des espions. Si tu veux envoyer des espions, fais-le, mais ne prétends pas que c'est moi qui te l'ai ordonné.
Moïse choisit alors un homme de chaque tribu, à l'exception de Lévi, et les envoya explorer le pays. Ces douze hommes étaient les plus distingués et les plus pieux de leurs tribus respectives, de sorte que Dieu même donna son assentiment au choix de chacun d'eux. Mais à peine ces hommes avaient-ils été nommés à leur poste qu'ils prirent la mauvaise résolution de faire un mauvais rapport sur le pays et de dissuader le peuple de s'installer en Palestine. Leur motif était purement personnel, car ils pensaient qu'ils conserveraient leurs fonctions à la tête des tribus tant qu'elles resteraient dans le désert, mais qu'ils en seraient privés quand elles entreraient en Palestine (504). (504)


Source: Les légendes des Juifs - Louis Ginzberg