Lecture d'un commentaire (1865)


Ac 15,1

Commentaire: Nous voyons ici le premier grand débat de l’Église. Paul en fait le récit dans Galates 2.1-10. Depuis déjà deux ou trois siècles, les Juifs émigrés dans les pays de langue grecque avaient attiré à leur foi de très nombreux païens. Mais ceux-ci devaient pratiquement s’intégrer au peuple juif ; aux prosélytes, les sympathisants d’origine étrangère, on demandait pour commencer ce que nous lisons ici aux versets 19-20. Ensuite, il fallait la circoncision. Bien des chrétiens de Jérusalem ne voyaient pas différemment l’entrée dans l’Église ; ceux d’entre eux qui sont pharisiens s’expriment de façon catégorique (5) : les païens sont sauvés par la foi au Christ, mais celle-ci reste liée à l’observation de la Loi. Pour eux, sans qu’ils en soient bien conscients, la foi est une intégration au peuple de Dieu, mais ce peuple de Dieu reste identifié à Israël. Les missions de Paul ont créé un élément nouveau : des communautés composées en majorité de non-Juifs sont nées en pays grecs, et Paul n’a mis aucune condition à leur baptême. Pour eux, le peuple de Dieu, c’est la communauté chrétienne. L’Église va-t-elle se diviser ? Paul sera-t-il l’initiateur d’une autre Église “chrétienne” plus radicale dans l’appréciation du salut par la seule foi au Christ ? La rencontre de Jérusalem est un effort de toute l’Église pour préciser sa foi et sauvegarder son unité. La façon de résoudre le conflit met en relief l’aspect communautaire de l’Église. Les anciens, responsables de l’Église-mère de Jérusalem se réunissent avec les apôtres qui sont l’autorité suprême (22)… Simon-Pierre leur rappelle son expérience avec Corneille (chapitre 10), et il ouvre le chemin de la liberté totale par rapport à la religion juive. Il a paru bon à l’Esprit Saint et à nous (28) : la décision de la communauté unie à ses apôtres est la garantie de l’Esprit Saint. À plusieurs reprises dans l’histoire, des débats semblables se sont présentés, mais alors il ne s’agissait plus de libérer l’Évangile des lois de l’Ancien Testament : c’étaient les lois et coutumes de l’Église qui étaient devenues le joug impossible à porter (15.10) pour une grande part de l’humanité. Mais seul un débat largement ouvert, comme fut celui de Jérusalem, permet de mettre le doigt sur ces obstacles.


Source: Bible des peuples