Lecture d'un commentaire (1854)


Ac 13,13

Commentaire: Le groupe de Paul (13). Dès le début de la mission, Paul s’impose comme chef et Barnabé passe au second plan. Quand ils arrivent sur le continent, dans la région inhospitalière de Pergé, Jean Marc les abandonne. Les plans audacieux de Paul lui ont sans doute fait peur ; il savait un peu de grec, mais il se voyait mal entrer dans un pays où bien peu de gens connaissaient cette langue. Paul et Barnabé entrent dans les montagnes de la Turquie actuelle et arrivent au cœur de la province de Pisidie — à Antioche (qu’il ne faut pas confondre avec l’autre Antioche de Syrie). Luc raconte en détail les événements d’Antioche de Pisidie parce que, bien des fois dans la suite, la prédication de Paul amènera les mêmes réactions, chez les Juifs et chez les Grecs (c’est-à-dire les païens). Paul parle au cours de la réunion du samedi dans la synagogue (maison de prière des Juifs). Le culte se compose de Psaumes et de lectures bibliques, de l’Ancien Testament bien entendu. Ensuite, un ou deux des responsables font des commentaires. Par déférence envers Paul, qui est de passage et qui a déjà fait comprendre qu’il avait quelque chose à dire, on lui demande de parler. Le discours de Paul, cette reprise de l’histoire d’Israël, peut nous paraître sans grand intérêt, comme celui de Pierre (chapitre 2) et d’Étienne (chapitre 7). Mais c’était la manière juive de prêcher, et pour tous ces émigrés, il n’y avait rien de plus intéressant que d’entendre rappeler cette histoire qu’ils savaient par cœur et qui leur donnait leur identité au milieu des autres peuples. Paul présente donc cette histoire, mettant en relief une série de faits qui donnent un sens à cette histoire et l’amènent très précisément au Christ. Il montre que les promesses de Dieu à Israël se sont réalisées par la résurrection du Christ. Il y a là une façon de comprendre l’Évangile que nous ne devons pas perdre. Nous disons que la foi juive, et ensuite chrétienne, est “historique”. Cela veut dire d’abord que Dieu s’est bien révélé dans l’histoire : notre foi n’est pas une doctrine découverte par des penseurs, et elle ne part pas de légendes. Mais aussi cela veut dire que la résurrection de Jésus marque le grand tournant de toute l’histoire humaine et que, d’année en année, l’histoire est en marche vers un terme où la seule issue sera le Jugement et le Règne de Dieu. Nous ne pouvons pas simplement prêcher une doctrine toujours vraie, nous devons montrer comment l’Évangile et l’Esprit de Dieu sont à l’œuvre dans les événements. Le public réagit de diverses façons. Il y a là, non seulement des Juifs, mais aussi les adorateurs de Dieu, et les prosélytes (plus engagés dans le judaïsme) que nous avons déjà rencontrés avec l’Éthiopien (8.30) et Corneille : les Juifs les considèrent comme des croyants de second rang. Dès ses premières paroles, Paul les salue au même titre que les Juifs.


Source: Bible des peuples