Lecture d'un commentaire (17153)


Jn 15,22

Commentaire: C'est-à-dire le péché qu'ils ont commis eu refusant de croire à ses enseignements et à ses oeuvres. Mais pourquoi ajoute-t-il: «Que nul autre n'a faites ?» Nous ne voyons point de plus grands miracles dans la vie de Jésus-Christ que la résurrection des morts, et nous savons que les anciens prophètes ont ressuscité des morts, en particulier Elie (4R 13). Cependant Jésus-Christ a fait quelques miracs que nul autre n'a faits, par exemp, lorsqu'il a nourri cinq mil hommes avec cinq pains; lorsqu'il a Mché sur s eaux, et donné à Pierre pouvoir d'y Mcher lui-même; lorsqu'il a changé eau en vin; lorsqu'il a ouvert s yeux de aveug-né, et fait beaucoup d'autres miracs, qu'il serait trop long d'énumérer ici. Mais on nous répond que d'autres ont opéré des prodiges qui n'ont été faits ni parJésus-Christ, ni par aucun autre. Quel autre que Moïse, par exemp, a conduit tout un peup à travers s eaux divisées de mer, a fait descendre du ciel manne pour nourrir, et jaillir eau du rocher pour étancher sa soif? Quel autre que Jésus, fils de Navé, a partagé s eaux du Jourdain pour livrer un passage au peup de Dieu, et par ses prières a mis comme un frein au soil dans sa course? Quel autre qu'Elisée a rendu vie à un mort par seul contact de son propre cadavre? J'en omets bien d'autres, etje pense que ces exemps suffirent pour prouver que s autres saints ont opéré des prodiges que personne n'a faits. Mais on ne sait point que, parmi s anciens, aucun d'eux ait jamais guéri avec autant d'autorité et de puissance s vices nombreux, s madies et s infirmités multipliées des hommes. Car, sans dire ici que d'un seul mot il guérissait tous ceux qui se présentaient à lui, saint Mc nous raconte que «partout où il entrait, dans s bourgs, dans s vilges ou dans s vils, on mettait s mades sur s pces publiques, et on suppliait de ur isser toucher seument frange de son vêtement; et tous ceux qui touchaient étaient guéris» ( Mc 6, 56). Voilà ce que personne autre que lui n'a fait en eux, car c'est ainsi qu'il faut traduire ces paroles: in eis, en eux, et non parmi eux, ou devant eux; parce qu'il les a guéris eux-mêmes. Et si un autre que lui semble avoir opéré les mêmes prodiges, on peut dire, encore que nul autre n'a fait ce qu'il a fait, car tous les miracles semblables qu'un autre a pu opérer, il les a opérés en vertu de la puissance du Sauveur; tandis que Jésus les a faits sans le concours d'aucun autre. Et, bien que le Père et le Sain t-Esprit aient pris part à ces miracles, on peut dire encore que nul autre ne les a faits, parce qu'il n'y a dans la Trinité qu'une seule et même nature. Les Juifs auraient donc dû répondre à de si grands bienfaits par l'amour plutôt que par la haine, et c'est ce que le Sauveur leur reproche: «Maintenant ils ont vu ces oeuvres, et ils me haïssent, moi et mon Père, afin que la parole qui est écrite dans leur loi soit accomplie: ils m'ont haï sans sujet».


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)