Lecture d'un commentaire (17018)


Jn 14,12

Commentaire: Mais que veulent dire ces paroles: «Tout ce que vous demanderez», lorsque nous voyons tant de fidèles demander sans recevoir? N'est-ce point parce qu'ils demandent mal? Dieu refuse dans sa miséricorde ce qu'on ne demande que pour en faire un mauvais usage. Comment donc faut-il entendre ces paroles: «Tout ce que vous demanderez, je le ferai», si Dieu, dans leur intérêt, n'accorde point aux fidèles l'objet de leurs prières? Cette promesse n'a donc été faite qu'aux seuls Apôtres? Non, sans doute, car le Sauveur avait dit précédemment: «Celui qui croit en moi, fera les oeuvres que je fais moi-même». Si nous considérons l'accomplissement de cette promesse dans les Apôtres eux-mêmes, nous voyons que celui qui a travaillé plus qu'eux tous, a prié trois fois le Seigneur d'éloigner de lui l'ange de Satan, sans avoir pu obtenir l'effet de sa prière (2 Co 12, 7-9). Comprenez bien sens de ces paros: «En mon nom», (qui est Jésus-Christ). Le mot Christ signifie roi, le mot Jésus veut dire sauveur; donc tout ce que nous demandons contre les véritables intérêts de notre salut, nous ne le demandons pas au nom du sauveur. Cependant il ne laisse pas d'être notre Sauveur, non-seulement quand il nous accorde l'objet de nos prières, mais même quand il refuse de les exaucer, car il se montre justement notre Sauveur, en refusant de nous accorder ce qu'il sait être contraire à notre salut. Le médecin sait bien ce que le malade demande dans l'intérêt ou contre l'intérêt de sa santé, et il refuse d'accorder à ce malade les choses nuisibles qu'il désire, justement pour lui conserver la santé. Disons encore qu'il est des choses que nous demandons en son nom et qu'il ne nous accorde pas au moment même où nous les demandons, mais il les accorde plus tard; il diffère, mais il ne refuse pas d'exaucer nos prières. Il ajoute aussitôt: «Afin que le Père soit glorifié dans le Fils, si vous demandez quelque chose en mon nom je le ferai». Le Fils ne fait donc rien sans le Père, puisqu'il n'agit que pour que le Père soit glorifié en lui.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)