Lecture d'un commentaire (16919)

Commentaire: Ce n'était pas la première fois que cette pensée lui venait dans l'esprit, mais il allait désigner si clairement celui qui devait le trahir, qu'il ne lui serait plus possible de rester caché parmi les autres, et c'est une des causes de son trouble. D'ailleurs, Judas allait bientôt sortir pour amener les Juifs et leur livrer le Sauveur, et Jésus était encore troublé par les approches de sa passion, par les dangers qui le menaçaient, et par la trahison imminente de son perfide disciple, dont il connaissait par avance les intentions. (Traité 6l). Notre-Seigneur «voulu nous apprendre aus si par ce troub, que lorsque nécessité force Eglise de séparer de faux frères de son sein avant moisson, ce ne doit jamais être sans un grand sentiment de troub. Or, il fut troublé, non dans sa chair, mais dans son esprit; car au milieu de ces scandas, troub des hommes vraiment spirituels ne vient pas d'un sentiment répréhensib, mais de charité qui ur fait craindre qu'en arrachant ivraie, on ne déracine en même temps bon grain. (Mt13) - (Traité 60). Que ce trouble ait eu pour cause ou un sentiment de compassion pour Judas, qui allait se perdre, ou les approches de sa mort, ce n'est point par faiblesse d'âme, mais par un acte de sa puissance que Jésus se trouble; car ce trouble n'est point forcé, il est tout à fait volontaire, il se troubla lui-même, comme il est dit plus haut. Or, ce trouble est une source de consolation pour les membres faibles de son corps, c'est-à-dire, de son Eglise, que Jésus apprend à ne point se regarder comme coupables, si le trouble s'empare de leu r âme aux approches de la mort de ceux qui leur sont chers.

Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)