Lecture d'un commentaire (1685)


1Co 7,1

Commentaire: Paul se retrouve avec le même problème qui l’avait amené à intervenir en 1Thessaloniciens 4. Pour les Juifs, le critère de toute moralité se trouvait dans les commandements de la Loi : on ne se demandait pas trop dans quelle mesure ces commandements reflétaient un ordre éternel ou seulement la façon de penser d’un temps et d’une culture. Était péché ce que la Loi, interprétée par la communauté religieuse, condamnait. Mais les Grecs, les païens, ne connaissaient pas cette Loi. Paul rappelle les commandements en matière sexuelle (5.11 et 6.10 ; Éphésiens 5.3), comme Jésus l’avait fait (Marc 7.21), mais il se garde bien d’en faire le seul critère de ce qui est bon et mauvais. Pour lui, ce qui oblige le chrétien à contrôler, et même à freiner très fortement ses instincts, c’est sa vie “dans le Christ”, une vie qui répond à un appel de Dieu plus qu’elle n’obéit aux exigences de la nature. _DES BASES POUR LA MORALE SEXUELLE _Morale sexuelle (des bases pour la) La façon de répondre de Paul nous intéresse particulièrement aujourd’hui dans la crise universelle de la morale. Depuis des siècles, par nécessité, la sexualité a été vue avant tout comme le moyen de procréer : à partir de là on a cherché quelle était la loi naturelle ordonnant sexe, plaisir et procréation. C’est vrai que sexualité et mariage trouvent leur fin dans la procréation et la famille, mais aujourd’hui, dans la psychologie du couple, l’union n’est pas d’abord pour procréer, même si la procréation est désirée. L’évolution culturelle et la promotion féminine ont fait de l’union sexuelle, pour un nombre toujours plus grand de couples, le lieu d’un échange humain exceptionnellement profond. Dans le même temps, la libération des personnes — et celle des femmes qui portent tout le poids de la maternité — a jeté le doute sur les normes morales antérieures dans la mesure où on les voyait liées à un temps et à une culture. Les divers pays se voient obligés de prendre en compte l’homosexualité, l’avortement décidé par la mère, le choix de la maternité sans mariage. Les chrétiens ont des références religieuses que les autres n’ont pas pour affronter cette mise en cause de la moralité. Mais s’ils n’ont pas d’autre motivation que l’existence d’une loi naturelle valable pour tous, il faudra des discussions longues plus que convaincantes pour parler d’une sexualité qui se limite à la procréation, et seulement à l’intérieur du mariage. Ils devront donc faire ce que fait Paul : sans oublier les lois inscrites déjà dans l’Ancien Testament, reconnues par les apôtres et la tradition de l’Église jusqu’à nos jours, on redira que la conduite sexuelle du chrétien obéit d’abord à une logique de la foi en Jésus-Christ. On cherchera moins à définir ce qui est “bien” ou “mal”, qu’à montrer où doit nous aboutir l’exercice et l’expérience de l’amour et de la sexualité. Proclamer des principes moraux sur la sexualité sans révéler d’abord la dignité éminente de notre humanité créée à la ressemblance de Dieu, et ensuite consacrée au Christ par le baptême et la conversion, c’est vouloir récolter les fruits sans avoir planté l’arbre.


Source: Bible des peuples