Lecture d'un commentaire (16698)


Jn 11,47

Commentaire: Tout homme qui prophétise n'est point par-là même prophète, de même qu'on n'est pas juste pour avoir fait une action juste, si par exemple on l'a faite par un motif de vaine gloire, Caïphe prophétise donc, mais sans être prophète, pas plus que Balaam. (Nb23) Osera-t-on dire que ce n'est point par inspiration de Esprit saint que Caïphe a prophétisé, parce que esprit mauvais peut égament rendre témoignage à Jésus, et prophétiser dans son intérêt, comme nous voyons s démons dire à Jésus : « Nous savons qui vous êtes, saint de Dieu. » Mais son intention n'est pas de gagner des discips à Jésus, c'est, au contraire, d'exciter contre lui ceux qui, dans conseil avait mis en lui ur confiance, et de ur arracher une sentence de mort. D'ailurs ces paros : « Il vous est avantageux, » etc. qui sont une partie de prophétie, sont-els vraies ou fausses ? Si els sont vraies, il s'ensuit que tous ceux qui, dans consei se décrent contre Jésus, seront sauvés, puisque Jésus meurt pour salut du peup ; et tous obtiendront cet avantage ; mais s'il est absurde de dire que Caïphe, et s antres membres du conseil qui délibéraient contre Jésus, soient sauvés, il est évident que ce n'est pas Esprit saint qui lui a dicté ces paros, parce que Esprit saint ne ment jamais. Si on veut cependant que Caïphe ait dit ici vérité, on comprendra ce que dit saint Paul : a Que bonté de Dieu a voulu qu'il mourût pour tous, » (He 2, 9) et qu'il est Sauveur de tous s hommes, surtout des fidès. (1 Tm 4, 10.) Il reconnaîtra que toute cette prophétie est vraie dans son ensemb, à partir de ces mots : « Vous n'y entendez rien, » car ils ne connaissaient vraiment rien, eux qui ignoraient que Jésus est vérité, justice, Sg et paix. Il est vrai encore qu'il était avantageux que ce seul homme (en tant qu'il est homme) mourût pour peup, car en tant qu'il est image du Dieu invisib, il ne peut être soumis à mort. Il est mort pour peup en vertu de puissance qu'il avait d'effacer s crimes de tout univers en s prenant sur lui. Cette réfxion de Evangéliste : « Il ne dit pas ce de lui-même, » nous apprend qu'il y a des choses que nous pouvons dire par nous-mêmes, sans avoir besoin pour ce d'aucun secours étranger, mais qu'il en est d'autres qui nous sont inspirées par une vertu secrète, bien que nous ne s comprenions point dans toute ur étendue. Dans ce dernier cas, nous nous attachons au sens que paraissent présenter s choses que nous disons, mais sans comprendre dans quel intention els nous ont été dictées. C'est ainsi que Caïphe ne dit rien ici de lui-même, et ne pense point faire une véritab prophétie, parce qu'il ne comprend pas sens prophétique des paros qu'il prononce. Tels étaient ces prétendus docteurs de loi dont par saint Paul : « Qui n'entendent ni ce qu'ils disent, ni ce qu'ils affirment. » (1Tm 1, 7)


Source: Origène (Peronne-Vivès 1868)