Lecture d'un commentaire (16250)


Jn 8,31

Commentaire: O misérable servitude ! L'esclave d'un homme, fatigué du joug tyrannique de son maître, cherche son repos dans la fuite, mais où peut fuir l'esclave du péché ? Partout où il dirige ses pas, il se porte avec lui ; le péché qu'il a commis est nu-dedans de lui-même ; la volupté passe, le péché ne passe pas ; le plaisir qui flatte passe, le remords qui déchire demeure. Celui-là seul peut nous délivrer du péché qui est venu sur la terre sans aucun péché, et qui s'est offert en sacrifice pour le péché. Car pour l'esclave, ajoute le Sauveur, il ne demeure pas toujours dans la maison. Cette maison, c'est l'Eglise, l'esclave, c'est le pécheur ; un grand nombre de pécheurs entrent dans l'Eglise, aussi Nôtre-Seigneur ne dit pas : L'esclave n'est pas dans la maison, mais : « Il ne demeure pas toujours dans la maison. » Mais s'il n'y a point d'esclave dans la maison, qu'y aura-t-il donc ? Qui peut se glorifier d'être pur de tout péché ? Cette parole du Sauveur est vraiment effrayante, aussi ajoute-t-il : « Mais le Fils y demeure toujours. » Est-ce donc que le Christ sera seul dans sa maison ? Ou bien, sous le nom de Fils, comprend-il le chef et les membres ? Ce n'est pas sans raison qu'il inspire tour à tour la crainte et l'espérance, la crainte pour nous détourner d'aimer le péché, l'espérance pour ne point nous laisser désespérer du pardon de nos péchés. Notre espérance est donc d'être délivré par celui qui est libre ; c'est lui qui a payé notre rançon, non point avec de l'argent, mais avec son sang, et c'est pour cela qu'il ajoute : «Si le Fils vous délivre, vous serez véritablement libres. »


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)