Lecture d'un commentaire (1584)


Dt 4,9

Commentaire: On retrouvera cet avertissement en 4.25 ; 6.12 ; 8.11. L’auteur du livre met ici dans la bouche de Moïse ce que lui dit sa propre expérience. L’indifférence religieuse de ses contemporains est due en partie à ce que cette génération n’a pas vu les merveilles de Dieu et ne veut plus se rappeler l’expérience des pères. Il n’y a pas là seulement l’effet du temps qui passe, car dans ce temps les traditions pouvaient se transmettre oralement durant des siècles sans perdre leur valeur d’actualité. Mais l’expérience du Sinaï est oubliée parce qu’on ne vit plus comme avant. Israël n’est plus une communauté de nomades mais un peuple d’agriculteurs regroupés en une nation. En se fixant au sol on est passé d’une très grande précarité des conditions de vie à une certaine stabilité : on est sur son propre héritage et non sur des terres étrangères, on a planté et on s’est implanté, on récolte et on met la récolte en sûreté. Les destinataires de ce discours étaient certainement fort loin de notre mentalité actuelle et du besoin de se couvrir d’assurances tous risques, mais déjà ils calculaient. Il faut donc à la fois leur rappeler ce qu’a été la première expérience du salut de Dieu et leur faire sentir que même sur cette terre qu’ils croient tenir, ils ne sont sûrs de rien. C’est ce que dira le paragraphe 11.10 : Le pays où tu vas entrer… En Égypte, il fallait peiner, mais on pouvait compter sur ses propres efforts. En Palestine, par contre, on n’a rien à faire pour que l’eau tombe du ciel, mais ici tout dépend de Dieu qui peut fermer le ciel ou l’ouvrir. Il ne faut donc pas que la foi s’endorme ni la fidélité, car Dieu a promis d’envoyer la pluie si l’on est fidèle, et il est maître de la nature.


Source: Bible des peuples