Lecture d'un commentaire (1579)


Dt 4,1

Commentaire: Religion et Foi Ces deux termes reviennent constamment lorsque nous parlons de notre relation à Dieu. Encore faut-il savoir ce que nous entendons par “religion” et ce que nous disons quand nous parlons de la foi. Les peuples de l’antiquité et beaucoup d’hommes aujourd’hui sont “religieux” : ils croient que le monde dans lequel ils vivent est l’œuvre d’un Dieu créateur “qui a fait le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent”. C’est pourquoi nous trouvons dans toutes les religions de l’antiquité, comme aux premières pages de la Bible, des récits de création, des récits qui expliquent l’origine du monde et de l’homme. Puisque le Créateur est ainsi l’auteur de la Création, lui seul peut en donner les règles de fonctionnement : toutes les religions ont donc associé tout naturellement à leurs récits des origines des prescriptions d’ordre moral. Le Dieu de la religion (ou les dieux, car le polythéisme est très répandu), est servi par un clergé qui, au nom du peuple, le remercie des biens qu’il donne aux hommes et le prie pour qu’il renouvelle ses bienfaits au cours de l’année qui vient. Ainsi les fêtes religieuses sont-elles d’abord et avant tout faites d’actions de grâces et de prémices, comme nous le voyons encore à travers les textes rituels de l’Ancien Testament. La religion est par nature conservatrice, puisqu’elle assure la bonne marche du monde ; elle est sans “espérance” puisque l’homme n’a rien de nouveau à espérer, mais seulement à attendre que demain lui donne comme aujourd’hui ce dont il a besoin en ce monde. En ouvrant la Bible, en faisant notre “profession de foi”, nous reconnaissons que nous sommes, nous aussi, un peuple religieux ; ne disons-nous pas : “Je crois en Dieu Tout-Puissant, Créateur du ciel et de la terre” ? Mais cette religion que nous confessons a été totalement transfigurée par la foi : le Dieu créateur s’est “révélé”, s’est manifesté au peuple d’Israël qu’il a choisi de toute éternité pour être son “témoin au milieu des nations”. Au long des siècles, Dieu s’est “révélé” dans l’histoire même d’Israël : il conduit son peuple, comme un père guide son enfant ( Deutéronome 1.31), vers une plénitude que l’homme ne peut concevoir ni même imaginer ( Éphésiens 1.15-23 ; 3.14-21 ; Colossiens 1.9-14 ; 1.25-27). Dieu s’est fait connaître tel qu’il est et il entraîne l’homme vers une communion d’amour éternel avec lui ( Jean 17.21). C’est pourquoi l’espérance, du moins telle que Paul nous l’a définie ( Romains 8.24-25) est au cœur même de notre foi, et si notre action de grâces s’élève toujours vers Dieu pour les biens reçus de lui, elle s’élève plus encore, infiniment plus, vers ce Père “qui vous a autorisés à partager l’héritage avec les saints dans la lumière”, vers celui “qui nous a arrachés au pouvoir des ténèbres et nous a fait passer dans le Royaume du Fils bien-aimé” ( Colossiens 1.12-13).


Source: Bible des peuples