Lecture d'un commentaire (1573)


2S 6,1

Commentaire: Pour les Israélites, l’arche était essentielle. Elle contenait la Loi que Moïse avait reçue de Dieu au mont Sinaï. Les Israélites imaginaient Dieu assis, présent au-dessus de l’arche, les pieds posés sur son couvercle doré. Dieu voulait déjà leur faire comprendre qu’il était avec son peuple par sa présence aimante et exigeante. Mais, à qui était l’arche ? Elle appartenait aux douze tribus, à aucune d’elles en particulier. C’est pourquoi elle se trouvait selon les circonstances dans différents sanctuaires : Silo, Guilgal, Béthel. Que prétend David en l’amenant à Jérusalem, sa nouvelle capitale ? S’agit-il d’une manœuvre politique pour affermir son autorité sur tout Israël ? Sans aucun doute. Mais c’est inséparablement un acte religieux, en un temps où l’on ne connaît pas la séparation entre pouvoir politique et pouvoir religieux. Jusqu’alors, l’ensemble d’Israël était l’élu de Dieu, le premier-né de Dieu. Cependant, aucun Israélite ne se croyait digne d’attention spéciale de la part du Dieu de son peuple. Maintenant, David sait qu’il est l’élu de Dieu, le “fils de Dieu”, comme le prophète Nathan dira en parlant des descendants de David. C’est pourquoi David désire avoir l’arche près de lui ; il veut que Dieu soit présent dans le temple qui sera comme la chapelle privée de sa famille. Mais ce temple n’existe pas encore. Dieu aime tous les hommes, mais David est le premier à prendre conscience de cette relation et à vivre selon cette réalité dans ses rapports si simples avec Dieu. Plus tard, les prophètes comprendront que les promesses faites à David s’adressent à tous ceux qui croient au Christ, le Fils unique. En Israël, seuls les membres de la tribu de Lévi, spécialement consacrés à Yahvé, ont le droit de le servir et de s’approcher des choses sacrées. Abinadab et ses fils ont reçu l’arche chez eux, mais ils ne peuvent pas la toucher sans être affectés par la force redoutable qui émane du Dieu Saint. On nous dit qu’Ouza fut frappé par Dieu. Ce terme reflète bien la mentalité de ces temps où l’on distinguait mal le péché, l’erreur et les accidents : tout ce qui bouleversait l’ordre traditionnel et divin, était considéré comme péché. Cette mort subite d’Ouza a valeur de signe pour ceux qui en sont témoins ; elle leur fait comprendre que Dieu est grand par-dessus tout, et qu’en même temps il est présent en son sanctuaire. David fit amener l’arche chez Obed-Edom. Pourquoi est-elle amenée chez un étranger ? Est-ce parce que Yahvé ne demande pas de comptes à un non-Israélite ? Ou parce qu’il est préférable qu’un étranger encoure le risque de la colère de Dieu ? Mais si l’arche amène des bénédictions sur celui qui l’accueille, sa place naturelle est auprès du roi ! L’évangile de Luc découvre une autre image dans ce récit. Comme l’arche, mais d’une façon plus merveilleuse, pendant neuf mois la Vierge Marie a porté Dieu lui-même qui, en devenant homme, confirmait l’Alliance avec tous les peuples du monde. C’est la raison pour laquelle Marie est appelée “l’arche de l’Alliance”. Luc a ce texte sous les yeux quand il raconte la visite de la Vierge à Élisabeth (remarquer les versets 9 et 11 et comparer avec Luc 1.39-45 et 56-64).


Source: Bible des peuples