Lecture d'un commentaire (1541)


2R 18,1

Commentaire: Les deux chapitres qui suivent et dont on retrouve l’équivalent en Isaïe 37-38 soulèvent bien des questions. Dans les annales assyriennes Sennakérib se vante d’avoir assiégé Jérusalem en 701 après avoir pillé les villes de Juda ; il a imposé un fort tribut à Ézékias. Par ailleurs il a été assassiné en 681. Dans notre texte il y a bien des confusions et l’on donne deux récits différents de son départ. On parle d’un départ du roi d’Assyrie ( 19.36) après qu’il a été averti de la menace du pharaon Tirhaka ( 19.9) ; or celui-ci n’a commencé à régner qu’en 690. Il y a aussi l’intervention de l’ange de Yahvé ( 19.35) faisant suite à la prophétie d’Isaïe, laquelle affirme en 19.32 que le roi d’Assyrie n’assiégera pas la ville. D’ailleurs la rencontre du grand échanson du roi d’Assyrie avec les ministres d’Ézékias n’est pas dans le cadre d’une ville assiégée, et il se trouve que ces ministres sont les deux impliqués dans la prophétie d’ Isaïe 22.19. Les paragraphes qui précèdent cette prophétie (Isaïe 22.8-14) semblent bien faire partie du même contexte, et on y voit la ville, déjà éprouvée, se préparant à un siège : il y aurait donc eu deux campagnes. On peut donc penser que le présent récit de 18.13-16 correspond à la campagne de 701 au cours de laquelle Ézékias assiégé a payé l’impôt. C’est dans le cadre d’une deuxième campagne, autour de 689, qu’a lieu le départ inespéré du roi d’Assyrie. Il n’est pas étonnant que cette seconde campagne ait été volontairement ignorée par les annales officielles de Sennakérib. Il n’y a pas de raison d’écarter la version de l’armée assyrienne décimée par la peste, version que retiendra Hérodote, l’ayant reçue des prêtres égyptiens. Quant au départ de Sennakérib conté en 19.36, ce n’était sans doute en un premier temps que l’un des épisodes de l’une ou de l’autre des deux campagnes.


Source: Bible des peuples