Lecture d'un commentaire (14842)


Lc 23,38

Commentaire: Quel spectacle admirable de voir le Sauveur au milieu de ces deux larrons, pesant avec la balance de la justice la foi et l'incrédulité. Le démon avait chassé Adam du paradis, Jésus-Christ int roduit un voleur dans le ciel avant tous les hommes, avant les Apôtres eux-mêmes, une simple parole et la foi seule lui ont ouvert les portes du paradis, afin que personne ne désespère d'obtenir la même grâce après ses égarements. Et voyez avec quelle promptitude s'opère ce changement, il passe de la croix dans les cieux, d'un supplice infâme dans le paradis, pour vous apprendre que c'est ici l'oeuvre de la miséricorde de Dieu plutôt que l'effet des bons sentiments de ce grand coupable. Or, si Dieu accorde dès maintenant la récompense des cieux, la résurrection ne devient-elle pas inutile? Le Seigneur introduit ce larron dans le paradis, et abandonne sur la terre son corps à la corruption, il est donc évident qu'il n'y a point de résurrection des corps. Tel est le langage que tiennent quelques-uns. Mais quoi ! est-ce que le corps qui a partagé les travaux de l'âme, n'aurait aucune part dans les récompenses? Écoutez ces paroles de saint Paul: «Il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l'incorruptibilité». ( 1 Co 15). Mais puisque le Seigneur a promis au bon larron le royaume des cieux, et qu'il le fait entrer dans le paradis, il ne lui a pas encore donné la récompense promise. On dit à cela que sous le nom de paradis, le Sauveur a voulu désigner le royaume des cieux, et il s'est servi de cette expression usitée chez les Juifs, en s'adressant au larron qui n'avait jamais entendu ses sublimes enseignements. Il en est d'autres qui au lieu de lire: «Aujourd'hui vous serez avec moi dans le paradis», coupent ainsi la phrase: «Je vous le dis aujourd'hui; vous serez avec moi dans le paradis». Voici toutefois une explication plus claire: lorsque les médecins voient un malade dans un état désespéré, ils disent: «Il est mort»; ainsi dit-on de ce larro n qu'il est entre dans le paradis, parce qu'on n'avait plus à craindre qu'il retombât dans l'abîme de la perdition.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)