Lecture d'un commentaire (14835)


Lc 23,38

Commentaire: Ici donc, c'est le condamné qui remplit les fonctions de juge, celui qui, après mille tortures, a fini par avouer ses crimes devant le tribunal de Pilate, commence à reconnaître de lui-même la vérité; c'est qu'en effet, le jugement de l'homme qui ignore le secret des coeurs, est bien différent de celui de Dieu, qui pénètre jusqu'au fond des consciences. Là, d'ailleurs, l'aveu est suivi du châtiment, ici, au contraire, la confession de son crime devient pour lui un principe de salut. Il fait plus encore, il proclame l'innocence de Jésus-Christ en ajoutant: «Mais celui-ci n'a rien fait de mal»; comme s'il disait: Voyez ce nouveau genre d'injustice qui condamne l'innocence avec le crime. Pour nous, nous avons tué les vivants, celui-ci a ressuscité les morts; nous avons dérobé le bien d'autrui, celui-ci commande de donner son propre bien. C'est ainsi que ce bienheureux larron instruisait ceux qui étaient présents, tout en reprenant le complice de ses crimes, Mais dès qu'il vit que cette multitude avait les oreilles fermées, il revient à celui qui connaît le secret des coeurs: «Et il disait à Jésus: Seigneur, souvenez-vous de moi, quand vous serez entré dans votre royaume». Quoi ! vous ne voyez qu'un crucifié, et vous l'appelez votre Seigneur; vous avez sous les yeux la figure d'un condamné, et vous proclamez sa puissance royale; vous êtes couvert de crimes, et vous demandez à la source de toute justice de se souvenir de vos iniquités? Oui, mais je découvre son royaume caché aux yeux des autres, et vous, Seigneur, vous effacez mes crimes publics, et vous agréez la foi des sentiments secrets de mon âme. L'iniquité s'est emparé précédemment du disciple de la vérité, est-ce que la vérité ne changera point le disciple de l'iniquité ?


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)