Lecture d'un commentaire (1466)


2Th 1,1

Commentaire: La lecture de la première lettre aux Thessaloniciens nous a montré quelle importance l’attente de la venue du Christ avait dans la prédication de Paul. L’espoir du Jour du Christ était un puissant stimulant pour la foi des premiers chrétiens. Mais il pouvait aussi mener à une nervosité malsaine. L’Église de Thessalonique semble avoir été affectée par une maladie assez fréquente dans les groupes minoritaires et persécutés : l’attente d’une fin du monde qui résoudra tous les problèmes, une attente qui pour l’instant ne fait que perturber la vie chrétienne. Dans cette lettre, Paul essaie d’apaiser la communauté. Mais, au fait, est-il sûr que c’est Paul qui parle dans cette lettre ? Bien des doutes se sont manifestés à ce sujet : Pourquoi cette seconde lettre, en apparence si proche de la première ? La première partie semble n’être qu’un pastiche de divers paragraphes de la lettre antérieure et la seule chose claire et neuve, celle qui paraît intéresser particulièrement son auteur est l’avertissement sur la venue de l’Antéchrist et l’heure du Jugement. Comme, à première vue, cet avertissement semble prendre le contre-pied de la première lettre, laquelle attendait une venue proche du Seigneur, de très nombreux interprètes affirment que cette lettre n’est pas de Paul, mais qu’un auteur postérieur a voulu dire à sa place ce qu’il n’avait pas dit en son temps. En réalité, les deux lettres aux Thessaloniciens font partie des collections les plus anciennes des lettres de Paul, avec cette particularité que, comme les deux lettres aux Corinthiens, elles n’ont jamais été publiées séparément. Dans le cas des Lettres aux Corinthiens, il est facile de voir que la seconde inclut divers fragments d’autres lettres que Paul leur avait envoyées en d’autres circonstances. Les responsables de cette Église avaient combiné tout ce qui leur semblait le plus intéressant et le plus adapté pour une lecture publique et ils avaient envoyé le tout aux autres Églises, comme une seule lettre. Dans le cas de Thessalonique, on aura repris dans un ou deux billets de Paul le contenu des chapitres 2 et 3 de cette “deuxième lettre” et on en aura fait une vraie épître en les faisant précéder d’un premier chapitre imité de la “première aux Thessaloniciens”. Il est facile de vérifier que le motif central de la lettre, qui est bien de freiner l’attente hystérique du retour du Christ au chapitre 2, ne contredit en rien ce que Paul a dit en 1Thessaloniciens 4.14 sur la résurrection : le paragraphe qui suivait ( 1Thessaloniciens 5.1) ne suggérait pas un retour imminent du Christ, bien au contraire : Paul voulait maintenir l’espérance sans détourner l’attention de la vie courante. De toute façon, la lettre a été reconnue par l’Église depuis le deuxième siècle comme tradition apostolique ; elle est donc parole de Dieu et elle bouche un petit trou dans l’ensemble de la révélation. Elle nous invite à ne pas nous laisser impressionner, comme cela s’est produit tout au long de l’histoire, par les rumeurs de révélations, de tragédies et de fin du monde.


Source: Bible des peuples