Lecture d'un commentaire (14655)


Lc 22,35

Commentaire: Celui qui enseigne l'art de la natation, commence par soutenir avec grande attention ses élèves de la main, mais ensuite il retire de temps en temps la main, et leur commande de s'aider eux-mêmes, il les laisse même s'enfoncer quelque peu. Notre-Seigneur tient cette conduite à l'égard de ses disciples. Dans les commencements il était attentif à tous leurs besoins, et leur préparait toutes choses avec une extrême abondance: «Et ils lui dirent: Nous n'avons manqué de rien». Mais lorsque le moment fut venu pour eux de montrer leurs propres forces, il leur retira une partie de son secours et voulut qu'ils agissent un peu par eux-mêmes. Il leur dit donc: «Mais maintenant que celui qui a une bourse (pour mettre son argent), prenne, qu'il prenne de même son sac qui porte ses vivres». Or, lorsqu'ils n'avaient ni chaussures, ni ceinture, ni bâton, ni argent, ils n'ont manqué absolument de rien; au contraire, dès que Sauveur ur eut permis d'avoir une bourse et un sac, ils furent exposés à souffrir faim, soif, nudité; comme s'il ur disait: Jusqu'à présent vous avez eu tout en abondance, maintenant je veux que vous éprouviez pauvreté; aussi je ne vous oblige plus d'observer loi que je vous ai donnée en premier lieu ( Mt 10, 18; Mc 6, 8; Lc 9, 3), et je vous permets de porter une bourse et un sac. Dieu aurait pu sans doute les maintenir dans cette même abondance, il ne le voulut pas pour plusieurs raisons: premièrement, afin que ses disciples, loin de rien s'attribuer, fussent obligés de reconnaître que tout ce qu'ils avaient venait de Dieu; secondement, pour leur apprendre à se conduire eux-mêmes; troisièmement pour prévenir l'idée trop avantageuse qu'ils auraient eue d'eux-mêmes. Ainsi, comme il permet que ses disciples soient exposés à des épreuves imprévues, il adoucit la sévérité de la première loi qu'il leur avait imposée, pour que la vie ne fût pas pour eux trop dure et trop accablante.


Source: Saint Jean Chrysostome (Peronne-Vivès 1868)