Lecture d'un commentaire (1445)


Est 9,1

Commentaire: Nous avons bien du mal à comprendre comment le peuple de Dieu peut commettre de tels massacres, et comment ce livre sacré peut les applaudir. C’est que nous sommes habitués à penser le comportement du croyant en termes chrétiens et ce comportement nous paraît — en théorie du moins — inséparable de l’amour des ennemis. Mais c’est là quelque chose d’impensable tant que nous n’avons pas été touchés au plus profond de nous-mêmes — directement ou indirectement — par la lumière et la force de l’Évangile. Le fanatisme de nos ancêtres dans la foi était à la mesure même de leur certitude d’être le peuple élu de Dieu. Dieu a su patiemment les éduquer tout au long de l’histoire, mais ce qui lui a été le plus difficile, semble-t-il, a été de retirer du cœur humain la violence et l’esprit de vengeance. Les prophètes eux-mêmes n’ont guère pris conscience de la violence qui les habitait en dépit de leur communion si étroite avec Dieu. Dans Genèse 34, l’auteur nous montre le scandale qu’avait été le viol de la fille de Jacob, mais il ne porte pas de jugement sur les représailles sauvages qui suivirent (v. 25-29). On retrouvera cette violence tout au long de l’Ancien Testament. Partout dans le monde la solidarité, la justice et la morale ne valaient qu’à l’intérieur du groupe. Il est déjà tout à fait remarquable que l’Ancien Testament, et notamment dans le Deutéronome, se préoccupe des droits de l’étranger. Les paroles de Jésus en Matthieu 5.45-48 sont une grande nouveauté. L’amour universel et la religion non-violente où Dieu lui-même accepte d’être rejeté sont des secrets que seul le Fils de Dieu pouvait nous révéler : à propos de cette hostilité entre Juifs et non Juifs, voir ce que dit Paul en Éphésiens 2.12-16.


Source: Bible des peuples