Lecture d'un commentaire (14152)


Lc 18,15

Commentaire: Il peut paraître dur à quelques-uns que les disciples aient empêché ces petits enfants de s'approcher du Seigneur, car l'Évangéliste ajoute: «Ce que voyant, ses disciples les repoussaient avec de rudes paroles». Mais il faut voir dans cette conduite des disciples, ou un mystère ou une marque d'attention pour le Sauveur, En effet, ils n'agissaient pas ainsi par un sentiment d'envie ou de dureté à l'égard de ces enfants, mais par un empressement de zèle attentif pour leur divin Maître qu'ils ne voulaient point exposer à être pressé par la foule. il faut en effet renoncer à nos intérêts, lorsque la gloire de Dieu se trouve compromise. Leur conduite renferme d'ailleurs un mystère, c'est-à-dire, qu'ils désiraient que le peuple juif dont ils descendaient selon la chair, fût sauvé le premier. Ils savaient bien que les deux peuples devaient être appelés à la foi, puisqu'ils avaient prié le Sauveur en faveur de la Chananéenne, mais ils ne savaient pas encore dans quel ordre cette vocation devait avoir lieu. Que leur répond Jésus? «Mais Jésus les appelant, dit: Laissez les enfants venir à moi», etc. Ce n'est donc point l'âge de l'enfance qu'il préfère à un autre âge de la vie, autrement il serait nuisible de croître et de se développer. Pourquoi donc déclare-t-il que les enfants sont plus propres au royaume des cieux? Peut-être parce qu'ils sont sans malice, sans tromperie, qu'ils n'osent se venger, qu'ils sont étrangers à toute volupté coupable, qu'ils ne désirent ni les richesses, ni les honneurs, ni les dignités. Cependant la vertu ne consiste pas à ignorer toutes ces choses, mais à les mépriser, car la vertu n'est point dans l'impuissance de commettre le péché, mais dans la volonté de le fuir. Ce n'est donc pas l'enfance, mais la vertu qui imite la simplicité de l'enfance que Notre-Seigneur nous recommande ici.


Source: Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868)