Lecture d'un commentaire (13582)


Lc 12,58

Commentaire: On peut encore donner cette explication: Nous voyons ici quatre personnes, l'adversaire, le prince ou le magistrat, le juge et l'exécuteur; saint Matthieu ne parle pas du prince, et remplace l'exécuteur par ce qu'il appelle ministre. Les deux évangélistes diffèrent encore en ce que saint Matthieu se sert du mot de denier, et saint Luc de celui d'obole; tous deux disent «jusqu'au dernier». Or, nous lisons que tous les hommes ont deux anges près d'eux, un mauvais qui les excite au mal, un bon qui leur conseille le bien; toutes les fois que nous succombons au péché, notre adversaire triomphe, parce qu'il sait qu'il a le droit de se glorifier devant le prince de ce monde qui l'a envoyé. Dans le texte grec, nous lisons l'adversaire avec l'article, ce qui désigne un adversaire spécial entre tous; car chacun est sous la domination du prince qui commande à sa nation. Efforcez-vous donc de vous délivrer de votre adversaire, ou du prince devant lequel votre adversaire veut vous traîner, en cherchant à acquérir la sagesse, la justice, la force et la tempérance. Mais en faisant tous vos efforts, soyez uni à celui qui a dit: «Je suis la vie»; ( Jn 14), autrement votre adversaire vous traînera devant juge. Il se sert de cette expression: «il vous traînera», pour montrer qu'il force s coupabs de venir entendre ur condamnation malgré toutes urs résistances. Quant au juge qui doit livrer à exécuteur, je n'en connais pas d'autre que Notre-Seigneur Jésus-Christ. Nous avons tous nos exécuteurs, et ils ont pouvoir sur nous, lorsque nous sommes urs débiteurs; mais si je paie à tous mes créanciers ce que je ur dois, je me présente devant exécuteur et je lui réponds avec fermeté: «Je ne vous dois rien». Mais si au contraire je suis débiteur, exécuteur me jettera en prison et ne m'en issera sortir que lorsque j'aurai payé toute ma dette, car exécuteur n'a pas droit de me faire grâce de moindre obo. Celui que nous voyons remettre à un de ses débiteurs cinq cents deniers, à autre cinquante, ( Lc 6) était le maître; l'exécuteur au contraire n'est pas le maître, il est chargé par le maître d'exiger tout ce qui lui est dû. Il dit: «Jusqu'à la dernière obole» pour signifier ce qu'il y a de moindre et de plus léger. Car les fautes que nous commettons sont graves ou légères; bienheureux donc celui qui ne pèche point, heureux ensuite celui qui ne commet que des fautes légères. Mais dans les fautes même légères, il y a des degrés, autrement le Sauveur ne dirait pas: «Jusqu'à ce que vous ayez payé la dernière obole». Ainsi celui dont les dettes sont minimes ne sortira pas qu'il n'ait payé jusqu'au dernier denier; mais pour celui qui est chargé de dettes énormes, il lui faudra un nombre infini de siècles pour s'acquitter.


Source: Origène (Peronne-Vivès 1868)