Lecture d'un commentaire (1261)


1S 15,24

Commentaire: l’auteur sacré a voulu nous enseigner que la parole de Dieu doit toujours être obéie. Cela ne nous empêche pas de poser quelques questions sur les faits qui lui ont servi de prétexte. Il y a toujours eu une rivalité entre les prophètes et les politiques. Le prophète donne la parole sans accommodements, peut-être ne voit-il pas toujours les difficultés auxquelles se heurte le politique. Lui se heurte aux impossibilités pratiques, et il fait ce qu’il peut avec le peuple qui l’entoure. J’ai fait ce que le peuple me demandait : c’est la même excuse que présente Aaron quand Moïse lui reproche le veau d’or (Exode 32.23). On pourra de même s’interroger une fois de plus sur la violence illimitée que les porteurs de la Parole sont les premiers à encourager (15.18 et 33). Elle n’est que la conséquence d’une autorité absolue de la parole de Dieu, tant que ce Dieu n’est connu que comme autorité et autoritaire. Cette violence n’est pas moindre dans les autres religions du Livre. Il faudra l’humilité de Dieu en Jésus pour ouvrir les esprits et les cœurs. Faut-il aussi voir ici une autre limite de la révélation antérieure à Jésus ? Tout a été vécu et pensé par des hommes, après qu’ils aient fait taire les femmes. Il n’est pas étonnant qu’on lise en leurs écrits la soif du pouvoir absolu, l’agressivité, le besoin d’écraser. Les mâles ne pouvaient pas se réserver le pouvoir et s’identifier à l’autorité (le mot phallocrates le dit bien), sans qu’aussitôt la rivalité des chefs et le besoin d’écraser s’installent au cœur de leur culture.


Source: Bible des peuples