Lecture d'un commentaire (12401)


Lc 6,20

Commentaire: «Bienheureux les pauvres». Voilà la tempérance qui s'abstient du mal, foule aux pieds les choses du monde et ne recherche point les plaisirs séducteurs: «Bienheureux vous qui avez faim». Voilà la justice, car celui qui a faim, a compassion de celui qui éprouve le même besoin, la compassion le rend charitable, la charité le rend juste, et sa justice demeure éternellement ( Ps 111, 8). «Bienheureux vous qui pleurez». Voilà la prudence qui pleure sur les choses périssables et mortelles, et s'attache aux biens de l'éternité. «Vous serez bienheureux quand les hommes vous haïront». Voilà la force, non celle qui s'attire la haine par ses violences criminelles, mais celle qui souffre la persécution pour la foi. C'est ainsi que vous mériterez la couronne réservée à la souffrance, si vous méprisez la faveur des hommes pour ne rechercher que celle de Dieu. La tempérance produit donc la pureté du coeur, la justice produit la miséricorde, la prudence produit la paix, la force produit la douceur. Ces vertus sont unies et étroitement liées entre elles, de sorte que celui qui en possède une, paraît avoir toutes les autres. Les saints ont tous une vertu qui leur est propre, mais celle qui est plus féconde en fruits de salut, est aussi celle qui obtient la plus grande récompense. Quel amour de l'hospitalité, quelle humilité profonde dans Abraham ! mais comme il a brillé surtout par sa foi ! c'est à cette vertu qu'il doit son plus beau titre de gloire. Chacun donc peut obtenir plusieurs récompenses, parce qu'il a un grand nombre d'occasions de pratiquer les vertus; mais la vertu dont la fécondité aura été plus grande, recevra aussi la récompense la plus magnifique.


Source: Saint Ambroise (Peronne-Vivès 1868)