Lecture d'un commentaire (1114)


1P 1,20

Commentaire: Une traduction plus précise serait : Il était connu d’avance de Dieu dès avant la fondation du monde, mais il n’a été manifesté qu’à la fin des temps, à votre intention. Pierre reprend à son compte une interprétation juive du texte de Genèse 22.13 : Abraham leva les yeux et vit qu’il y avait un bélier — celui qui avait été créé au crépuscule de l’achèvement du monde — retenu par les cornes dans un buisson. Il est intéressant de remarquer que les versets 17-20 ont quelques mots rares qui ne se retrouvent qu’en Éphésiens. Par exemple sans tache ni défaut (Éphésiens 5.27). En Éphésiens 1.3-5 on a l’expression saint et sans défaut (la correspondance est moins significative), mais par contre on retrouve : avant la création du monde, une expression qui ne se lit qu’en 1Pierre, Éphésiens et Jean 17.24. Tandis que Pierre dit : Dieu pensait à lui avant la création du monde, Éphésiens parle de prédestination (il décidait qu’il ferait de nous ses fils…). Nous avons donc en ces deux endroits le même thème. Pierre part du plan de Dieu qui dès avant la création du monde contemple l’envoi de l’agneau sans tache et sans défaut, Éphésiens parle d’un plan de Dieu qui dès avant la création du monde nous destine à être saints et sans défaut. Vu que ce thème et plusieurs mots ne se lisent pas ailleurs, on peut penser que l’un des deux auteurs les a lus chez l’autre et les applique différemment, car Pierre parle du Christ et Paul parle des croyants. Pierre a dû écrire le premier, s’inspirant du Lévitique (l’invitation à la sainteté en 1.15-17) et de la tradition juive (l’agneau prédestiné). Paul a dû reprendre les images pour lancer une idée neuve qui n’était pas chez Pierre : la prédestination éternelle des chrétiens. Tout cela pourrait n’être que coïncidence, mais le rapport entre ces deux lettres est confirmé par la reprise en Éphésiens des devoirs mutuels dans le cadre du couple (ce qu’on ne retrouvera pas ailleurs dans le Nouveau Testament). Pierre le traite en 3.1-7. Paul le reprend très brièvement en Colossiens mais le développe de façon géniale en Éphésiens lorsqu’il expose la valeur sacramentelle du mariage. Ces observations semblent confirmer l’authenticité de la première lettre de Pierre car il n’y a pas de preuve qu’elle ait été écrite après la mort de l’apôtre.


Source: Bible des peuples