Lecture d'un commentaire (10665)


Mc 9,37

Commentaire: Mais cette maxime du Seigneur n'est-elle pas en opposition avec cette autre: «Celui qui n'est pas avec moi, est contre moi ?» Dira-t-on que ces deux maximes diffèrent, en ce que d'un côté Jésus parle de ses disciples: «Celui qui n'est pas c ontre vous est pour vous», tandis que de l'autre, il parle de lui-même: «Celui qui n'est pas avec moi est contre moi». Mais n'est-il pas évident qu'on est nécessairement avec Jésus-Christ, lorsqu'on ne fait qu'un corps avec ses disciples qui sont ses membres? Où serait alors la vérité de ces paroles: «Qui vous reçoit me reçoit ?» ( Mt 10) Par la même raison, n'est-on pas contre lui, quand on est contre ses disciples? Comment aurait-il pu dire: «Celui qui vous méprise me méprise ?» Voici donc dans quel sens le Sauveur veut que nous entendions ces deux maximes. On n'est pas avec lui en tant qu'on est contre lui; on est avec lui dans les actions où on agit de concert avec lui. Prenons pour exemple cet homme qui faisait des miracles au nom de Jésus-Christ, sans faire partie du nombre des Apôtres; il n'était pas contre eux, il était même avec eux en tant qu'il faisait des miracles au nom de Jésus; mais en tant qu'il n'appartenait pas à leur société, il n'était pas avec eux, il était contre eux. Or, les Apôtres voulaient lui interdire de faire ce en quoi il était d'accord avec eux, et c'est pour cela que Jésus leur dit: «Ne l'empêchez pas»; ce à quoi ils devaient se borner, c'était de lui défendre d'agir en dehors de leur société, c'était de lui conseiller de rentrer dans l'unité de l'Eglise. Ils devaient le laisser libre dans ce qu'il avait de commun avec eux, l'invocation du nom de leur Maître, de leur Seigneur pour chasser les démons. Telle est justement la conduite de l'Eglise catholique, ce qu'elle condamne chez les hérétiques, ce ne sont pas les sacrements qui leur sont communs avec nous, mais leur séparation d'avec nous, mais les doctrines opposées à la vérité et à la paix, car sous ce rapport, ils sont contre nous.


Source: Saint Augustin (Peronne-Vivès 1868)